Equateur,  Rando dans le monde

3 jours de trek vers la Laguna Quilotoa, merveille de l’Equateur

La laguna Quilotoa… Imaginez une lagune à la couleur bleue – verte émeraude, nichée au fond d’un cratère de volcan, protégée par ses hautes arêtes rocheuses, à près de 4000 mètres d’altitude au cœur des Andes… Imaginez que pour atteindre ce site exceptionnel, on peut choisir d’en passer par trois jours de marche, à travers de superbes canyons et montagnes, histoire de faire durer le plaisir et d’attendre avec plus d’impatience encore l’arrivée à la lagune…

Allez, on est sympas, on ne vous fait pas attendre trois jours pour avoir un premier aperçu de cette lagune :

Ce trek de la laguna Quilotoa était certainement l’étape qu’on attendait le plus en Equateur, et c’est avec un enthousiasme maximum qu’on s’est lancé dans cette aventure !

Avant de partir : se préparer pour le trek de la laguna Quilotoa

Quelques explications générales pour ceux qui auraient envie de se lancer dans l’aventure. Le trek de Quilotoa va du village de Sigchos à la Laguna Quilotoa, via les villages de Insilivi et Chugchilan.

La première question qu’il faut se poser, c’estdans quel sens faire le trek ? Il y a deux écoles : ceux qui, comme nous, le font dans le sens Sigchos – Laguna, pour se garder la découverte de la laguna pour la fin. Et ceux qui choisissent le sens inverse Laguna – Sigchos, parce que dans ce sens là la rando est un peu moins dure (sur le tronçon Laguna – Chugchilan ça permet d’avoir plus de descente que de montée). Mais de toute façon, quel que soit le sens choisi, autant être prévenu, ça sera dur (et finalement, d’après les discussions qu’on a pu avoir avec d’autres randonneurs, les temps de parcours dans un sens ou dans l’autre sont assez comparables).

Quel que soit le sens choisi, un passage préalable par la ville de Latacunga est à peu près incontournable. Là, on peut laisser ses affaires superflues dans un hostal (certains gardent les sacs gratuitement), puis trouver un bus pour Sigchos (2h de trajet) ou le village de Quilotoa via celui de Zumbahua (1h30 – 2h), et de là commencer la rando.

Il faut donc compter trois jours de marche (ou deux pour ceux qui suppriment le tronçon Sigchos – Insilivi, qui est un peu moins impressionnant que les autres), avec chaque jour entre 10 et 14 kilomètres à parcourir et surtout des dénivelés importants, à une altitude (entre 2800 et 3900 mètres) qui rend les efforts un peu plus marqués.

Les temps de parcours en ce qui nous concernent (on se considère comme des marcheurs moyens) :

– Sigchos – Insilivi : 3h15 (plus ½ heures de détour parce qu’on s’est perdus ^^)
– Insilivi – Chugchilan : 4h30
– Chugchilan – Laguna : 5h15 pour le village + ½ heure pour descendre

Dans les villages de Insilivi et de Chugchilan, il y a plusieurs possibilités de se loger (deux à Insilivi, un peu plus à Chugchilan). Dans l’ensemble les auberges sont sympas et elles sont toutes adaptées pour les randonneurs. Toutes fonctionnent sur un système de demi-pension, avec repas du soir et petit dej inclus avec la chambre, et les prix tournent autour de 15 à 18 dollars par personne. On peut aussi s’y ravitailler pour les piques-niques du midi. Dans le « village » de Quilotoa (en fait une station touristique) il y a de nombreux hôtels et restau plus chers (plus de monde aussi, car on peut y venir en voiture depuis Latacunga pour un ou deux jours, et être ainsi directement près de la lagune).

Côté météo, c’est la montagne, et comme on dit ici : « ne demandez jamais à un Equatorien le temps qu’il va faire » ! On peut avoir un condensé de toutes les saisons en une seule journée, donc crème solaire, polaires et imperméables sont tous indispensables !

Enfin, pas de problèmes ou de risques particuliers sur le chemin. Si certains guides évoquent des agressions, il semble que cela soit de l’histoire ancienne (tout le monde ici décrit le chemin comme très sûr, et effectivement, hormis quelques gamins ou des villageois accueillants, on n’a croisé personne). Quant à l’orientation, il y a quelques possibilités de se tromper de chemin, mais les hostal distribuent tous cartes et bons conseils, et les gens du coin sont très enclins à indiquer la bonne route. Pour nous, le premier jour (Sigchos – Insilivi) on a loupé un sentier dès le début (ça nous a coûté 1/2h), et on en aurait raté un autre si une famille ne nous avait pas rattrapé au vol, mais ensuite on n’a plus eu de problème.

Voilà pour les conseils… Ah, si, un dernier : si vous passez par l’Equateur, ne ratez ce trek sous aucun prétexte !

Récit de nos 4 jours autour de la laguna Quilotoa

Premier jour : de Sigchos à Insilivi

La première journée de marche étant légère, on ne quitte Latacunga en direction de Sigchos que vers 9h30. La route est vallonnée et le bus s’arrête tout le temps, faisant même ramassage scolaire sur la fin, de sorte que c’est vers midi qu’on atteint notre destination. Un petit almuerzo au village pour prendre des forces, et en route, sous un ciel assez couvert. Le début de la rando est tranquille, sur une piste qui descends doucement, rien de bien compliqué. Tellement pas compliqué qu’au bout d’une heure on se trouve au bout d’une impasse, la piste s’achève sur l’entrée d’une ferme, et rien d’autre. Personne aux alentours et maps.me est dans les choux, on n’a plus qu’à rebrousser chemin (juste après la première côte de la marche !).On finit par se retrouver : en fait il y a un piège, à peu près 4 kilomètres après Sigchos il faut quitter la piste principale bien visible et prendre un tout petit chemin quasi invisible qui plonge à flanc de montagne dans la végétation (il y a quand même un petit tas de pierre pour l’indiquer).

On poursuit la descente jusqu’à arriver au rio, qu’on traverse par le premier des deux ponts. Et là, ce qui a été descendu… doit être remonté ! Sigchos et Insilivi sont à peu près à la même altitude, mais sur deux montagnes qui se font face, donc en gros cette première journée de marche consiste à d’abord se reposer et ensuite payer le prix !

On traverse un petit village où on croise un couple âgé avec leur petit fils et leur cochon en laisse (c’est le cochon qui est en laisse, hein, on vous rassure !), qui nous évite de tomber dans le deuxième piège du jour : à nouveau, il faut quitter la piste bien tracé pour prendre un chemin invisible à travers champ, en montée (très raide) cette fois.

45 minutes de grimpette plus tard, on débouche sur la route à 3 kilomètres du village d’Insilivi.  C’est là que la pluie se met à tomber (il est 15h05, le mec du restau le midi nous l’avait annoncée pour 15h, ce mec est devin !). On se fait rincer, mais bon c’est juste ce qu’il faut pour apprécier la douche bien chaude, le feu de bois et le bon repas qui nous attendent à l’hostal d’Insilivi.

Deuxième jour : de Insilivi à Chugchilan

Pour ce deuxième jour, on se met en route à 8h30, histoire de marcher au maximum sous le soleil du matin et de tenter d’éviter la pluie qui arrive invariablement, nous confirme-t-on, en début d’après midi. Le parcours pour ce deuxième jour est très sympa : on surplombe de belles vallées bien vertes, Célia trouve que ça ressemble à la Nouvelle-Zélande et aux maisons de Hobbits (après sa comparaison douteuse des maisons de Kuelap au Pérou avec celles des schtroumpfs, elle persiste !).

On croise des chevaux, des moutons, des vaches, mais, déception, pas un seul lama ! Comme hier, le parcours commence par deux heures plutôt en descente, jusqu’à la traversée du rio (via un arbre abattu qui tient lieu de pont), avant de continuer par une bonne montée bien violente.

En fait on retourne sur la montagne d’où on est parti le premier jour, et on se retrouve à 23 kilomètres au sud de Sigchos, plus ou moins en ligne droite. Il faut croire qu’on aime se faire du mal. On comprend mieux pourquoi les gens du coin trouvent assez marrants tous ces gringos qui marchent encore et encore au lieu de prendre une voiture.

Ouaip ça monte un peu… on était en bas… !

La fin du parcours est moins cool, les 2,5 derniers kilomètres se font sur une route goudronnée sans intérêt qui monte de façon continue… On se fait violence pour terminer le parcours sans arrêter une des camionnettas qui passent… question de fierté ! On arrive à notre destination, l’hostal Cloud Forest, à 13 heures… quelques minutes avant que la pluie ne commence à tomber pour plusieurs heures ! Le programme pour le reste de la journée : repos, et… rien d’autre !

Troisième jour : de Chugchilan à la laguna Quilotoa

Pour cette dernière journée, la plus difficile et pour laquelle on nous annonce 6-7 heures de marche, on se met en route de bonne heure après un gros petit dej réconfortant. Il n’y a que 13 kilomètres à parcourir, mais surtout un dénivelé positif d’environ 1000 mètres à encaisser !

Rrrrrreaaaaadyyyy !!

Cette journée est aussi -et surtout- celle qui offre les paysages les plus grandioses, car le chemin, parfois assez escarpé, longe un haut et superbe canyon, tout en faisant face à la haute silhouette du volcan. C’est sous un soleil radieux qu’on réalise ce parcours, et on est plein d’entrain.

On marche d’un assez bon pas, et pourtant au bout de deux heures on est rattrapés par Orianne et Allande, deux champions de la randos rencontrés la veille. C’est en leur compagnie qu’on poursuit le chemin pendant un bon moment. En route, dans les tout petits villages qu’on croise on rencontre pas mal de gamin qui se font un plaisir de nous indiquer notre chemin en échange de quelques bonbons, et on se prête au jeu.

La dernière partie du trajet est la plus dure, il faut grimper le long des flancs du volcan, c’est raide et l’altitude (on approche des 4000 mètres) ainsi que le poids des sacs se font bien sentir.

                                                               Dur dur…

Pour ne rien arranger le temps se couvre d’un coup, et les nuages jusque là accrochés aux crêtes des montagnes envahissent la vallée derrière nous et nous enveloppent complètement : on se retrouve en plein brouillard avec à peine 20 mètres de visibilité !

D’ailleurs on ne voit plus Orianne et Allande, mais ça c’est normal ils nous ont mis au moins 1 kilomètre d’avance dans la montée, ils tiennent une super forme !

Enfin, après la traversée d’une forêt de pins et d’un terrain tout sablonneux (non, ce n’est pas la dune du Pilat !), on débouche sur le haut des crêtes, et on découvre notre récompense, la magnifique laguna Quilotoa !

Il ne reste plus qu’à longer les crêtes (en montée pour une bonne partie) sur environs la moitié du cratère : un « détail » final qui tue les mollets et dure bien 45 minutes !

C’est complètements morts qu’on arrive au « village » de Quilotoa. Temps de parcours : 5h15 ! On est très fiers !

On fait une rapide pause au village, le temps de manger un morceau et de prendre une douche grâce à Orianne et Allande qui nous donnent accès à leur chambre d’hôtel, et on repart direction le bord de la lagune, 400 mètres plus bas (il n’y a pas de faille dans le cratère et la seule solution pour atteindre la lagune qui est au fond est de monter tout en haut avant de tout redescendre).

30 minutes plus tard, on est arrivé sur la petite plage qui borde la lagune et on installe le campement pour la nuit. Le spot est juste parfait, en bordure de la lagune, et quand arrive la fin d’après midi tout le monde repart et le lieu est d’une tranquillité absolue !

On est pas mal là !

Idéal pour se caler au coin du feu de camp et siroter la bouteille de vin rouge qu’on a descendue du village, tout en admirant les étoiles quand le ciel se dégage !

Quatrième jour : Laguna Quilotoa

Au réveil, les lieux sont toujours aussi agréables, et la lagune, qui prend sous le soleil de très belles teintes verte, est magnifique.

Jusqu’à 11 heures personne ne fait son apparition et on est tranquille pour profiter des lieux et même piquer une tête dans la lagune… mais rapidement car l’eau est super froide !

On est rejoint dans le courant de la matinée par nos compagnons de randos et c’est tous les 4 qu’on fait un petit tour de kayak sur la lagune (il y a un petit stand de location en bas du chemin d’accès), ce qui permet d’avoir une autre perspective sur la muraille de pierre qui l’entoure.

Il ne reste plus ensuite qu’à remonter : une ultime heure d’effort, qui marque la fin de cette rando.

Bilan des courses : 4 jours au top, une rando inoubliable à travers des paysages magnifique ! Pour notre première rando sur aussi longtemps on est super contents de l’expérience, et on n’a qu’une hâte : recommencer, si possible dans un cadre aussi magique !

Infos pratiques

Hostal La Posada à Latacunga : très basique et propreté douteuse mais pas cher (20 USD quand même, mais c’est le moins cher de la ville) et garde les sacs gratuitement

Bus Latacunga : Sigchos : trajet 2h30, tarif 2,5 USD

Hostal à Isilivi : il y en a deux, le LLullu Llama qui est très connu et apparemment très bien, et le Taita Cristobal où on a été, TB aussi et moins cher (15 USD avec repas du soir et petit dej inclus).

Hostal à Chugchilan : le Cloud Forest, à l’entrée du village, est très bien, 15 USD avec repas du soir et petit dej. L’autre hostal bien côté est le Vaquero, 10 minutes plus loin (et plus près du point de départ du lendemain).

Hostal à Quilotoa : il y en a beaucoup, plus chers que dans les deux villages précédents. On a pu voir le Chukirawa, qui a des chambres très sympas (et qui coûte environ 45 USD).

Camping au bord de la lagune : le seul endroit plat est proche du chemin d’accès. Il y a en journée un loueur de kayak et une mini tienda, ainsi que des toilettes, officiellement fermés la nuit mais en réalité accessibles. C’est totalement gratuit et on peut faire du feu.

Accès à la laguna : gratuit (a priori seuls les véhicules payent pour accéder au village).

Bus Quilotoa – Latacunga : des bus assurent le trajet, via le village de Zumbahua. A Zumbahua (qu’on peut rejoindre en taxi collectif pour 0,5 à 1 USD par personne), il y a aussi des camionnettas qui font le trajet plus rapidement que le bus (en 1h environ). On s’y entasse à 4 à l’arrière et 2 sur le siège passager. Le prix local est de 2 USD par personne, mais difficile de l’obtenir en tant que touriste : on nous a plusieurs fois proposé 20 USD pour deux, puis 15, puis 10 (prix qu’on a accepté, avant de connaître le prix local). Ce gain de temps nous a permis, une fois à Latacunga, d’enchainer directement sur un trajet vers Quito (1h30).

5 commentaires

  • le monstre et tritrille ...

    insatiables !!
    après 4 jours de randonnée épuisants, quels sont vos premiers mots :  » on veut recommencer !! on en veut encore !!!  »
    insatiables on vous dit !!!

    mais ce n’est pas une critique !! c’est un compliment !! car quand même vous avez dû en ……. (censure !! ) bravo !! bravo !! on est admiratives !!

    • Kikis

      C’est qu’on s’est pris au jeu ! Mais bon rassurez vous, avant de recommencer on prend quand même un peu de repos !! On a pas perdu notre goût pour les étapes tranquilles !!

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