Chine,  Rando dans le monde

En balade dans le Yunnan

Après notre étape Wwoofing dans le Sichuan, direction le Yunnan, à l’extrême sud de la Chine. On se préparait à un long périple en bus, mais on découvre avec surprise et plaisir que le moyen de transport le moins cher pour ce trajet est… l’avion ! C’est parti, donc, pour notre 1er vol depuis Saint Pétersbourg, et après une heure de trajet nous voilà arrivés dans le Nord du Yunnan, dans la ville de Lijiang.

Première étape : Lijiang

Lijiang est une superbe petite ville. La vieille ville, qui s’étend sur quelques kilomètres carrés et est entièrement piétonne, est constituée d’un réseau de ruelles pavées et de canaux, bordés de maisons anciennes aux toits traditionnels. Au fil de la balade, on emprunte de charmants petits ponts de pierre, on traverse de petites places ombragées agrémentées de fontaines… Vue des hauteurs, la ville forme une mer de toits de tuiles encadrée par les montagnes qui vaut vraiment le coup d’œil…

On apprécie aussi de retrouver enfin un climat un peu plus clément ; au soleil il fait vraiment bon, et on se prélasse en terrasse pour la première fois du voyage.

Problème majeur, la ville est plus-qu’ultra-démesurément-incroyablement touristique. Consciente de la valeur de son patrimoine, la ville de Lijiang a décidé de prendre les choses en mains… A grands coups de clips publicitaires, la ville a su attirer les touristes, majoritairement chinois. Résultat, elle revendique aujourd’hui plus de 20 millions de visiteurs par an (à qui elle facture un billet d’accès à la vieille ville de 12 euros chacun, c’est rentable…). On a la chance de passer par là hors saison et c’est vivable, mais les panneaux conseillant des itinéraires bis pour gérer les flux de piétons font froid dans le dos. Et comme les touristes chinois n’aiment rien plus que le shopping, ben pour leur faire plaisir la ville historique a été purement et simplement dénaturée, et il ne reste plus une seule maison qui ne soit pas occupée par un hôtel, une boutique de souvenirs (ici le grand truc c’est les tam-tams et les breloques, la viande de Yak et les vêtements Naxi, la minorité ethnique du coin, descendants de nomades tibétains) ou un stand de grillades, dont les vendeurs interpellent sans arrêt le promeneur. On apprend d’ailleurs en discutant avec les gérants de notre AJ (hors de la vieille ville), que la municipalité rachète carrément les maisons pour y installer ces boutiques… Du coup le sentiment d’émerveillement devant la beauté de la vieille ville s’estompe bien vite et nous laisse avec l’impression agaçante de déambuler au cœur d’un mini Disneyland…

Au-delà de la vieille ville, le parc du dragon noir, avec son étang et sa vue sur les montagnes enneigées, est l’occasion d’une promenade agréable ; on peut grimper sur la colline attenante et avoir une belle vue sur la ville.

En Rando dans les Gorges du Saut du tigre

Après quelques jours à trainer tranquillement à Lijiang, on se dit qu’il est temps de donner une petite touche sportive à notre voyage, et on se met en route vers les gorges du saut du tigre, pour une super rando sur deux jours le long du fleuve Yangtsé , qui est l’occasion de découvrir de superbes paysages, sous un grand soleil.

Petite présentation en vidéo !

Bon, il faut le reconnaître, la rando n’est pas facile – facile, pas tellement en raison de la distance à parcourir (24 kilomètres), mais surtout à cause du dénivelé (environ 1000 mètres) : soyons clair, ça grimpe dur, et dès le début ! Après 2-3 kilomètres sur la route à partir de l’auberge où on avait passé la nuit, la rudimentaire mais sympathique Jane’s Guesthouse, on attaque le sentier de rando proprement dit. D’entrée de jeu, on se tape une bonne grimpette ; on apprendra par la suite que depuis peu, le tracé du sentier à été modifié (en raison de travaux sur la route en contrebas), et que cette première montée / redescente est une nouveauté. Sauf que les cartes avec les temps indicatifs de parcours n’ont pas été mises à jour ; du coup, on s’inquiète un peu quand on réalise qu’on a mis 2h30 pour accomplir le premier tronçon, censé être bouclé en 1h30… Est-ce qu’on marche vraiment si lentement ? On peut même dire qu’un certain découragement gagne nos rangs et on doute un peu de notre capacité à terminer la rando. On persiste, et on s’attaque à la difficulté principale de la promenade, dont on nous avait prévenus, à savoir la montée dite « des 28 virages ». Là encore, une bonne grimpée bien raide, sur un chemin rocailleux. A noter qu’il y’a un petit « point ravitaillement » juste avant cette côte. 3-4 produits de première nécessité sont en vente sur un bout de planche : eau, chocolat, et gros sachets de marijuana locale ! Cette dernière est censé aider pour la montée ; vu comme on a galéré on aurait peut être dû essayer ! Une fois en haut des 28 virages, la vue sur les gorges est magnifique. Après une pause pique-nique, on est tout surpris de croiser un panneau nous indiquant qu’on n’est plus qu’à une heure de l’AJ qu’on avait repérée pour passer la nuit (Tea Horse Guesthouse). On redescend donc tranquillement, avec un moral revenu au beau fixe et finalement on atteint notre but après une journée de marche de 6 heures, comme prévu ; on n’est donc pas si lents que ça, et on fête cette performance avec une bonne bière face aux montagnes !

Le lendemain, on reprend la route qui est cette fois beaucoup plus facile. Le sentier ne grimpe plus et serpente tranquillement à flan de montagne. Comme la veille, on ne croise pas grand monde ; on verra bien plus de chèvres déambuler que de randonneurs !

Après 3 heures de marche et une dernière descente, on arrive à notre terminus, au niveau de Tina’s Guesthouse qui marque la fin de la rando. Petit regret, vu l’heure on n’a pas le temps de descendre tout à fait jusqu’au niveau du fleuve ; la boucle pour voir de plus près ses eaux tumultueuses et revenir, via des échelles de cordes, prend 3 heures, et c’est trop juste pour avoir notre bus. Tant pis, on lézarde au soleil, et c’est pas mal non plus !

Après cette balade, on repart pour Lijiang, où on repasse deux nuits histoire de se reposer ; la véranda / terrasse de notre AJ, chez Mama Naxi, est agréable, et on occupe notre journée à magistralement glander. Mama Naxi est un personnage ; volubile, elle tient son auberge en distribuant les ordres à son mari et la nourriture à ses clients. Elle passe son temps à nous filer à manger, et ce jusqu’au dernier moment, puisque lors de notre départ à 7h30 du matin, elle nous rattrape en courant dans la rue pour nous donner clémentines et gâteaux pour la route ; sympa !

La douceur de vivre à Kunming

Capitale du Yunnan, Kunming bénéficie d’un climat très agréable qui lui vaut le surnom de « Cité de l’éternel printemps ». Ici, il fait beau et on en profite ! Il y a toujours beaucoup de monde dehors, dans les rues, dans les parcs, à danser, faire du sport, jouer aux échecs… Chacun prend son temps et profite de la vie ! Une chose est sûre, les gens n’ont pas l’air stressés ! Comme il n’y a par ailleurs pas grand-chose à visiter côté monuments, on décide de faire comme tout le monde, et on se contente donc de déambuler tranquillement à droite à gauche sous le soleil.

C’est aussi à Kunming qu’on passe Noël. Le 24 au soir, tandis que les Chinois envahissent les rues avec un bonnet de père Noël sur la tête (!!), on se fait un repas franco – chinois de notre cru, à partir de ce qu’on a pu trouver au… Carrefour du coin (on trouve assez peu de grands supermarchés en Chine, et c’est la première fois qu’on voit un carrouf). Séquence émotion devant le rayon vins rouges… On réussit à se concocter un bon petit repas : canard laqué, crevettes grillées, jambon du Yunnan (qui ressemble au jambon ibérique) mais aussi « camembert » (enfin un fromage à pâte molle sans goût…), le tout avec une bouteille de Gigondas… Ou enfin une bouteille avec une étiquette Gigondas, parce qu’à l’intérieur, c’est clair, c’est pas le même vin qu’en France ! On en vient à penser qu’il y a une cuvée spéciale exportation vers la Chine avec du moins bon vin ! Et pour le 25, on goûte la spécialité locale : les « nouilles qui sautent le pont » ! Le nom vous intrigue ? Plus d’explications dans la rubrique ckoikonmange !

Comment on n’a pas vu les rizières en terrasses de YuanYang

Pour notre dernière étape chinoise, on était impatients de découvrir les rizières en terrasses de YuanYang.

Pour y accéder, il faut d’abord se rendre dans le village de Xinjie, à l’entrée de la zone des rizières proprement dite (7h de bus depuis Kunming). Là, pour entrer dans la zone des rizières et accéder à son hôtel, il faut prendre l’un des nombreux minibus qui sillonnent la zone (il n’y a pas de transports publics, les minibus sont le seul moyen de transport collectif, que tout le monde utilise). Pour 15 Yuan (2 euros), on peut rallier n’importe quel village.

Le tourisme se développe à vitesse grand V à YuanYang, et on est désormais censés s’acquitter d’un droit d’entrée de 100 Yuan (15 euros) pour entrer des la zone des rizières, et, en prime, avoir accès aux points de vue aménagés. Mais si on lui demande, le chauffeur ne marque pas l’arrêt pour l’achat des billets (ça empêche par la suite d’accéder aux plateformes aménagées face à certains points de vue, mais c’est sans importance, des points de vue il n’y a que ça, partout !). Il facture néanmoins ce « service » 15 Yuan…

On avait choisi de se baser au village de Duoyishu, à la Sunny Guesthouse, qui est vraiment agréable et très très bien située face aux terrasses (et tenue par des gens super sympas, en particulier la dynamique Ivy). De là, on peut se lancer dans plusieurs randos à travers les rizières, mais aussi rejoindre en minibus d’autres coins. Contrairement à ce que prétend le Lonely Planet, jamais en reste quand il s’agit de conseiller les solutions les moins économiques, il n’est absolument pas nécessaire de louer une voiture puisque les minibus font la navette toute la journée et il suffit de les intercepter d’un signe de main, ils s’arrêtent n’importe où sur le bord de la route.

Et alors, ces terrasses ? Aménagées depuis plusieurs siècles par la population Hani, les rizières s’étalent à flancs de montagne sur des milliers d’hectares et offrent de superbes jeux de couleurs, en particulier au lever ou au coucher du soleil.

C’est beau, hein ?

Bon, sauf que ces photos, on les a récupérées sur internet.Parce que nous, on a plutôt vu ça :

Eh oui, YuanYang compte plus de 200 jours de pluie et brouillard par an… Et c’est pas un petit brouillard léger, non non, c’est la vraie purée de pois à couper au couteau.

Belle vue depuis notre chambre face aux terrasses

On a juste eu droit à un faux espoir d’une petite heure où la vue s’est vaguement dégagée, nous permettant de mieux entre-apercevoir ce qu’on était en train de rater…

On décide donc d’abréger notre séjour ; si ce n’est se promener et admirer la vue, il n’y a rien à faire ici. On est au fin fond de la Chine profonde, vraiment coupés de tout dans un minuscule village, et rester là n’a pas vraiment de sens…Plus qu’un départ, c’est une exfiltration ; on fuit sous la pluie sans trop savoir quel bus on pourra prendre. A priori, il est trop tard pour le bus direct, mais Ivy, à l’auberge, nous a trouvé un plan pour rejoindre la frontière Vietnamienne en deux bus et un détour. Mais avant ça, il faut rallier Xinjie. On se lance donc à la recherche d’un minibus, lorsqu’on est interpellés par un passant ; on met quelques instants à réaliser qu’il s’adresse à nous dans un très bon français. Il se propose de nous emmener à la gare routière, et nous explique en route qu’il est guide touristique francophone, et que par ailleurs il s’apprête à ouvrir une Auberge ici (elle s’appelle « Havre de Paix » !). Il fait tout son possible pour qu’on puisse avoir le bus direct qui finalement existe pour la frontière, mais on le rate. Il nous trouve une troisième solution : « prends ce bus, après tu en prendras un autre ! ». Bon… on saute dans un bus déjà en train de démarrer, sans trop savoir où tout ça va nous mener ; Après une heure de route, on arrive à une gare routière ; le chauffeur interpelle un mec qui semblait attendre, il nous guide jusqu’à un autre bus, qui démarre dès qu’on est à bord. A priori, il va bien à Hékou, la ville frontière (on s’en assure difficilement, vu que Hékou se prononce Houkaa…). Après 3h30 de route à travers un paysage qui se fait de plus en plus tropical (bananiers et manguiers côtoient les palmiers dans une végétation assez dense), on est arrivés. Le poste frontière est un peu plus loin ; c’est le fleuve rouge qui marque la frontière. On passe le contrôle de sortie côté chinois, on traverse le pont à pied, et…Bienvenue au Vietnam !

On dit au revoir à la Chine, après six semaines de vadrouille, qui nous auront donné un bon avant-goût de ce magnifique pays et, c’est sûr, l’envie d’y revenir !

5 commentaires

Répondre à Denise Chauvel Annuler la réponse

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *