
La Réunion : trois jours dans le cirque de Mafate
Après ceux de Salazie et Cilaos, il était temps de se lancer à la découverte du troisième cirque de la réunion, celui de Mafate : si on avait déjà pu l’observer depuis le point de vue de Cap Noir ou encore depuis le Maïdo et le sommet du Grand Bénare, on tenait aussi à venir l’explorer de l’intérieur !
Des trois cirques, celui de Mafate est le seul à avoir la particularité d’être totalement inaccessible en voiture. Complètement enfermé dans son rempart rocheux, il abrite quelques îlets (villages) posés sur différents plateaux. Pour s’y rendre, il faut forcément marcher plusieurs heures, en général en descendant par un côté ou un autre du rempart (les accès principaux étant soit par le col des bœufs depuis le cirque de Salazie, soit par le col du Taïbit depuis celui de Cilaos, soit par le belvédère du Maido depuis l’ouest. Sinon pour éviter le dénivelé on peut aussi passer par la seule ouverture le long de la canalisation des orangers).
Les villages de Mafate sont donc les plus isolés de l’île, et l’impact sur les modes de vie est bien réel. Ici on a l’électricité au photovoltaïque, on cuisine beaucoup au feu de bois, le ravitaillement et l’évacuation des déchets se font par hélicoptère (avec les coûts que cela représente), certains enfants marchent des kilomètres pour aller à l’école, le médecin passe une fois par mois, la relève du courrier c’est encore toute une histoire, et on ne va que de temps en temps à la ville dans « les bas ». Les mafatais vivent essentiellement de l’agriculture, et désormais du tourisme : on trouve donc de nombreux gîtes dans les différents îlets, qui proposent tous la demi-pension et qui sont souvent complets.
Tout ça fait que venir passer quelques jours dans le cirque est une expérience intéressante, entre randos magnifiques et découverte d’un monde à part. Les sentiers n’ont rien de difficile pour des marcheurs réguliers, mais on a quand même pu se rendre compte que Mafate attire aussi beaucoup de visiteurs qui ne sont pas du tout habitués à marcher, et qui se trouvent finalement en difficulté : il faut donc être conscient que ça reste une rando avec du dénivelé, et qu’il faut un minimum de forme (on le dit parce qu’on a croisé des gens pour qui on s’est vraiment demandé s’ils allaient réussir à remonter).
Trois jours dans le sud du cirque de Mafate (secteur Marla – La Nouvelle)
Pour un premier séjour dans Mafate on a choisi de visiter le sud du cirque et d’y accéder par le col des bœufs. C’est déjà une longue route puisqu’il faut traverser tout le cirque de Salazie jusqu’à Grand-Ilet et au-delà (1h15 de route depuis Saint André), Mafate se mérite ! On se gare un peu avant le parking officiel du col des bœufs (complet, et par ailleurs pas donné du tout), et de là on se met en marche vers le village de La Nouvelle, qu’on a choisi comme première étape.



Logiquement, le sentier ne fait que descendre, La Nouvelle étant à 1400 mètres d’altitude soit 600 mètres plus bas que le col des bœufs. Pas de difficulté particulière pour cette descente, sur un sentier de terre en lacets, avec au milieu une traversée de la plaine des tamarins, un surprenant plateau avec vaches et tamarins (sorte d’acacias). En deux heures tout pile on atteint la Nouvelle.




On largue nos sacs au gîte Chez Marie France et Crissou, pas vraiment un premier choix mais c’est le seul qui avait encore de la place quand on a réservé trois jours avant (à Mafate les réservations se font très en avance !), et on part faire un petit tour du village. On passe devant sa petite école (classe unique de la petite section au CM2 avec une dizaine d’élèves, une seule institutrice et une ATSEM !), la boulangerie (basique) dans une belle case créole, et on va admirer le point de vue sur le cirque depuis la colline qui domine le village. Une bière au bar des songes, l’endroit cool de La Nouvelle avec ses tables en bois dans l’herbe et un panorama génial, puis c’est l’heure d’aller manger au gîte : punch et rougail saucisse, on donne dans le classique créole mais le tout est vraiment bon et la soirée avec les autres randonneurs est très sympa, ça parle voyages, trail et parapente dans une bonne ambiance, avant d’aller se coucher tôt, on se met à l’heure mafataise !




Infos : gîte chez Marie France et Crissou, chambre double avec repas du soir et petit-dej 130 euros. Le gîte n’est pas ouf (pas vraiment d’endroits extérieurs où se poser), mais le repas est très bon et Crissou est sympa.
Le deuxième jour, on se réveille tôt et on se met en route vers Marla. À peine deux heures de marche sur un sentier agréable, qui passe dans la forêt, traverse la rivière, descend puis remonte vers la crête suivante. Le calme est absolu, avec des oiseaux partout et même un lapin pas farouche. On arrive vite à Marla, un village plus petit que La Nouvelle, où on commence par se faire une pause pancake au gîte mon ti peï (bons pancake et gens très cool).





Marla est l’îlet le plus au sud au cirque, calé au pied du rempart qui le sépare de Cilaos. Résultat on en profite pour grimper au col du Taïbit, très accessible d’ici : 2 kilomètres et 450 mètres de dénivelé, on se fait ça en 50 minutes, et on arrive au col qui est complètement pris dans les nuages, visibilité 0, c’est une réussite ! Bon en vrai c’est quand même cool, vu que jusqu’aux trois quarts de la montée le panorama côté Mafate restait bien dégagé, avec une vue sur Marla à nos pieds, La Nouvelle plus loin et même Roche Plate.


En redescendant on s’arrête au snack chez Jimmy, devenu institution locale en tant que snack festif, ça détonne un peu dans l’ambiance mafataise habituellement plutôt calme (mais on se rend compte que le cirque de Mafate attire autant les groupes pour un week-end détente que les randonneurs). En vrai on trouve le style assez lourd et il nous casse un peu les oreilles avec son intégrale de Gims, alors on avale vite fait notre sandwich bouchon gratiné (frites – mayo – fromage : bien light) et on file vers notre gîte un peu à l’écart du village (gîte Laclos), bien plus paisible (ok, on vieillit). On hérite d’une chambre dans l’un des petits bungalows avec terrasse, l’endroit est parfait pour chiller un peu, même s’il fait frais. Le soir après avoir un peu discuté avec le couple qui tient le gite (on apprend qu’en plus de faire tourner et entretenir le gite à deux, lui est aussi pilote d’hélico !), on repart sur le combo magique punch – rougail saucisse, on ne change pas une formule qui gagne (et pour avoir parlé avec des gens qui ont fait le tour du cirque sur 5 jours, c’est 5/5, autant être prêts !).

Infos (gîte Laclos, à 15-20 minutes du village), chambre double avec repas du soir et petit dej 120 euros. Cadre super, un peu à l’écart de Marla.
Enfin pour le troisième jour il ne reste qu’à remonter vers le col des bœufs, ce qui nous prend moins de deux heures depuis le gite. C’est un peu raide dans la première partie jusqu’à la plaine des tamarins, puis finalement beaucoup moins dans la deuxième partie jusqu’au col. On y arrive en pleine rotation d’un hélico qui emporte des cargaisons de sable dans le cirque, on observe un peu les allers-retours au passage, c’est plutôt impressionnant.




Dans tout ça on a passé un super week-end dans Mafate. Notre seul regret est de ne pas être venu plus tôt au cours de nos 4 mois passés à La Réunion, et de ne plus avoir le temps de revenir : on aurait bien fait un deuxième tour dans un autre coin du cirque pour approfondir la découverte !


