Mexique – Oaxaca : de Teotitlan del Valle à Hierve el Agua en passant par Matatlan, deux jours de road trip sur la route du Mezcal et de la civilisation Zapotèque
Au cours de nos trois semaines dans la Ciudad de Oaxaca, au cœur de la région dite des Vallées centrales, on a décidé de consacrer un week-end complet à la découverte des nombreux sites situés à l’est de la ville. Le long de la vallée de Tlacolula, surnommée la route du Mezcal, il y a de quoi faire avec une succession de sites naturels et archéologiques, pas si éloignés les uns des autres (le plus loin d’Oaxaca c’est Hierve el agua, à environ 70 kilomètres de route). On a loué une voiture pour deux jours et c’est parti pour un petit road trip comme on les aime !
Le premier jour, on sonne le départ de bon matin (enfin, à 9h !), et on met le cap à l’est sur la route 190. On quitte très vite la modernité d’Oaxaca, les premiers champs d’agave (de maguey pour utiliser son appellation mexicaine courante) apparaissent, avec les montagnes en toile de fond tout autour. Notre premier arrêt est pour visiter le village de Teotitlan del Valle, à 45 minutes de routes d’Oaxaca. C’est un village zapotèque réputé pour ses tissus traditionnels, fait à la main sur des métiers à tisser en bois. Dès l’entrée dans le village on peut voir que beaucoup de maisons ont leur métier à tisser, beaucoup de familles vivent de cet artisanat. En ce samedi matin le village est plutôt endormi, mais miracle, on trouve un café moderne qui fait des expressos. Autant dire qu’on se jette dessus (en fin de compte ça n’est pas le seul, le village est quand même assez touristique). On fait ensuite un tour du village : quelques ruelles adorables, une jolie église (construite sur les ruines d’un temple zapotèque, on en voit encore une partie sur un côté), un marché nickel, des gens souriants et des superbes tissus partout (dans les boutiques et au niveau du marché artisanal en dessous de l’église). On visite aussi le centre culturel communautaire (25 pesos), avec une belle expo et des explications bien faites sur le fonctionnement du village, la tradition du tissage et ses règles coutumières toujours appliquées (entre autres pour l’attribution des terres agricoles, qui sont communautaires, et non pas régies par la propriété individuelle).
On reprend ensuite la route du Mezcal jusqu’au village de Santiago Matatlan, qui s’en revendique capitale mondiale (ouais, même si le Mezcal n’est produit qu’au Mexique ; c’est un peu comme se donner le titre de champion du monde de son pays, mais peu importe ça fait bien !). La route traverse des champs d’agaves qui s’étendent à perte de vue, avec plein de petites palenque, les exploitations de Mezcal (toutes de taille très modeste, il n’y a pas de production industrielle dans cette région). On s’arrête à la palenque Gracias a dios qu’on nous avait recommandée, et on se lance pour une visite guidée d’une heure avec dégustation (200 pesos par personnes avec 4 mezcal à goûter). On part pour la visite avec le premier verre en main histoire d’entrer tout de suite dans le vif du sujet et d’être bien attentifs :-). La visite passe par les champs avec la présentation de différents types d’agaves (on apprend notamment que l’espadin est l’espèce la plus courante en Oaxaca et met 6-8 ans à pousser, d’autres mettant encore plus longtemps, jusqu’à 25 ans, et tout ça pour produire 10 litres !), puis par les installations pour la fabrication (cuisson des agaves au feu de bois, espace où elles sont écrasées par une grosse roue en pierre tirée par un cheval, cuves de fermentations, et alambics pour la distillation), avant de terminer au bar pour la dégustation. 4 mezcals plus tard avant d’avoir mangé, on repart un peu bourachos et on décide donc de manger dans un comedor du village (le azul adobe, qu’on recommande) avant de reprendre la route.
En repartant de Santiago Matatlan, on trouve plein de spots pour faire des belles photos des champs d’agaves et de cactus, qu’on trouve vraiment beaux dans ce cadre montagneux. C’est #passionagave et on n’avance pas très vite !
On prend ensuite la direction de Hierve el agua, notre terminus pour ce premier jour. Une autoroute toute neuve fait un détour par le village de San Lorenzo, ce qui fait un peu plus de kilomètres mais permet d’éviter la route de Xaaga qui est apparemment pas bien praticable suite aux grosses pluies des jours précédents. On croise des micro palenque avec leurs installations rudimentaires tout le long de la route, avec une vue de plus en plus belle sur la montagne.
On arrive en milieu d’après-midi au niveau de Hierve el Agua, un site grandiose avec des cascades pétrifiées et des bassins naturels sur des promontoires rocheux, loin au-dessus de la vallée et avec une vue extraordinaire (un peu dans le style rocher du Roi Lion ; on a les références qu’on peut !). Une fois sur place, plusieurs options sont possibles : on peut aller au bout de la pointe rocheuse au-dessus de la cascade pétrifiée (on y trouve des points d’eau bouillonnante), puis revenir sur ses pas ou descendre par un sentier qui passe au pied des cascades, au milieu des cactus et agaves, et remonter de l’autre côté, pour enfin rejoindre le point de départ les bassins, où on peut se baigner (mais c’est de l’eau fraîche, et pas des sources d’eau chaude) avec vue sur la cascade. Le tout fait une boucle d’une heure de marche (mais on peut aussi directement rejoindre les bassins en 5 minutes depuis l’entrée).
Seul bémol, c’est un endroit où il y a beaucoup de monde, il est conseillé de venir tôt ou au contraire tard. On a résolu le problème en prenant notre tente et en passant la nuit sur place (100 pesos pour le droit de planter la tente, en plus des 50 pesos par personne pour l’entrée), ce qui nous a permis d’être totalement seuls sur le site puisque personne n’avait eu la même idée ce jour-là. C’est vrai qu’on se dit parfois que la tente (et le matériel de camping qui va avec) rajoute du poids et du volume à nos sacs alors qu’on l’utilise une poignée de nuits par an, mais c’est pour des moments comme ça qu’on continue à la transporter : parce que franchement, camper et se réveiller avec le lever de soleil face à une vue pareille dans le calme total (bon ok, avec un bon orage aussi en soirée et nuit), c’est magique !
Après avoir bien apprécié la vue et avoir remballé la tente, on lève le camp vers 9h, heure à laquelle les premiers bus commencent à arriver sur place. On fait un détour pour tenter d’aller voir des salinas coloradas qui doivent se trouver dans le coin mais là c’est un échec, on roule juste sur une piste pourrie sans les trouver avant de faire demi tout. Pas grave, la vue sur les champs de terre rouge avec leur cactus valait le détour.
40 minutes de route plus tard, nous voilà à Mitla, où on hésite à s’arrêter par manque de temps, mais finalement on choisit d’aller quand même visiter rapidement les ruines pré-colombiennes (90 pesos, environ 1h de visite pour les 2 principaux groupes). On visite d’abord le « groupe de l’église », des ruines modestes de temples (deux sortes de cours avec des bas-reliefs) désormais adossées à une église espagnole construire en plein milieu du site, puis surtout le « groupe des colonnes », un très joli site archéologique avec un beau jardin qui met en valeur les ruines, où on trouve les restes plutôt bien conservés d’un palais très riche en gravures, face à une grande place, avec un imposant hall à colonnes. En plus on a eu de la chance, un gardien qui passait par là a décidé, sans qu’on sache trop pourquoi, de nous donner accès à des parties en principe fermées au public et on a pu voir un autre patio et des couloirs sculptés très bas de plafonds (on se serait cru dans les pyramides d’Egypte). Pas mal ce petit bonus !
Après la visite de Mitla, on prend la direction de Tlacolula, à 15 minutes de route, pour son marché du dimanche. On y retrouve nos copains du coliving d’Oaxaca Dagmar, Franck et Mauricio, avec qui on passera le reste de la journée. Le marché est gigantesque, il occupe toute la ville ou presque et il y a un monde fou. C’est coloré, c’est typique, et même si tous les marchés ont tendance à se ressembler un peu c’est une balade toujours intéressante. On déambule entre les stands, on mange une bonne tortas, bref on fait le marché du dimanche !
Après ce tour du marché, on fait un nouveau saut de puce : quelques kilomètres nous permettent de rejoindre le sanctuaire du jaguar qui est juste en dehors de Tlacolula (visite guidée 1h30, 150 pesos). Ce n’est pas un zoo (même si évidemment les animaux sont derrières une clôture) mais un centre qui recueille des jaguars blessés ou secourus d’un trafic ou de cirques, les soigne et quand c’est encore possible les réadapte à la vie sauvage (y compris en leur apprenant à chasser) avant de les relâcher dans la selva (seulement s’ils n’ont pas été trop longtemps au contact des humains), eux ou au moins leurs petits s’ils en ont. D’ailleurs il faut savoir que le jaguar est un animal emblématique du Mexique, et que tous les peuples précolombiens divinisaient plus ou moins : symbole de l’infra-monde, ou de l’univers (sa peau serait tachetée parce qu’il aurait absorbé les étoiles), le jaguar c’est pas rien ! Bon il y a quand même d’autres animaux dans le sanctuaire (panthères, boa, tigres et lions, c’est fou le nombre de riches qui font des caprices et veulent un félin dans leur villa, qu’il faut ensuite secourir !). La visite est obligatoirement guidée et elle est super intéressante, grâce au guide qui n’est pas seulement guide mais est aussi l’une des personnes en charge du projet, et qui est clairement passionnée !
Après cette étape féline, notre avant-dernier stop est consacré à la visite des ruines de Yagul (90 pesos, 1h de visite environ), quelques kilomètres au-dessus de Tlacolula. C’est un site modeste (restes rase-motte d’un palais, mais grand juego de pelota, le 2e plus grand du pays apparemment) mais dans un cadre superbe car les ruines se trouvent en surplomb de la vallée avec une vue dégagée sur les environs.
Et enfin, sur la route du retour, on s’arrête pour voir l’arbol de Tule, un arbre symbolique du Mexique (un cyprès de Montezuma) énorme (42 mètres de circonférence) vieux de 2000 à 3000 ans, mais toujours solide. C’est une grande attraction du coin, mais pour nous l’arrêt aura été expéditif puisqu’il s’est mis à tomber des trombes d’eau au moment où on arrivait, donc petite photo pour le principe, et on repart… ah non, attendez arrêtez tout, un vendeur de mezcal nous interpelle pour nous proposer une dégustation ! Alors réécriture de la conclusion : une petite photo pour le principe, un mezcal pour la route, et on repart !
Et voilà pour notre road trip de deux jours à la découverte de la vallée de Tlacolula : le programme était dense, mais avec une voiture on a pu voir tout ce qu’on voulait et le week-end a été réussi ! Bien sûr il est aussi possible de prendre les transports en commun, il y a des colectivos, qui permettent soit de faire des aller-retours depuis Oaxaca pour voir les sites un par un, soit de s’organiser pour faire une boucle similaire à la nôtre (mais peut-être sur trois jours dans ce cas).