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Rando à La Réunion : le Piton des Neiges

Au cours de nos quelques mois sur l’île de La Réunion on s’est évidemment attaqués à l’une de ses randos les plus emblématiques, celle du célèbre Piton des Neiges. Cet ancien volcan aujourd’hui éteint s’est en grande partie effondré il y a bien longtemps, entrainant l’apparition des trois cirques de Mafate, Salazie et Cilaos tout autour de son sommet actuel. Lui, il trône en plein milieu, et reçoit la visite des nombreux randonneurs et traileurs bien décidés à grimper tout en haut de ce Piton qui est quand même le plus haut sommet de l’île, mais aussi de tout l’océan Indien, avec ses 3070 mètres (OK, c’est pas l’Everest, mais bon c’est déjà pas mal !).

L’ascension du Piton des neiges : les différentes possibilités

La rando se décompose en deux parties : d’abord la montée jusqu’au Gîte de la Caverne Dufour, puis de là le sentier vers le sommet. Pour la première partie, plusieurs itinéraires sont possibles, au départ d’Hell-Bourg (Cirque de Salazie), de Bourg-Murat (dans les hautes Plaines) ou encore du lieu-dit Le Bloc à Cilaos. Dans tous les cas, avec des distances et des dénivelés variables on finit par atteindre le gite de la Caverne Dufour : au-delà le sentier est le même pour tous jusqu’au sommet.

Pour notre part on a choisi de partir du bloc, à proximité du village de Cilaos sur la D 241. De là, il faut compter à peine 8 kilomètres de distance (aller simple), mais quasiment 1700 mètres de dénivelé : on monte tout le temps, et c’est raide !

Départ du sentier au niveau du Bloc
Vue sur le gite de la Caverne Dufour, point de jonction des différentes premières partie
Début de la deuxième partie

Certains font l’aller-retour dans la journée, et pas seulement les trailers qui le font en courant, en rando c’est faisable aussi puisqu’en marchant légers il faut compter environ 5h à l’aller et 3h30 au retour. Beaucoup choisissent de faire la rando de nuit pour être en haut pour le lever de soleil, ce qui donne un départ vers minuit et un retour vers 10h : impensable pour nous, vu que la nuit, on dort !  

Pour ceux qui partent sur deux jours, il y a encore deux possibilités : la première est de ne monter le 1er jour que jusqu’au niveau du gîte de la Caverne Dufour et d’y passer la nuit (au gîte lui-même mais qui est quand même très bas de gamme y compris pour un refuge de montagne, ou alors en campant à côté), puis de rejoindre le sommet le lendemain matin (départ 3h’ pour être en haut pour le lever de soleil) avant de faire toute la redescente dans la foulée.

La deuxième, qu’on a choisi, consiste à monter jusqu’en haut le 1er jour et à y camper (le sommet est plat et des murets de pierre ont été aménagés en cercles pour se planter à l’abris du vent), puis de faire le retour le 2e jour. De cette façon on profite du coucher et du lever de soleil et d’un spot bivouac de rêve, sans marcher de nuit. Par contre il faut monter le matos et donc accepter de marcher en étant plus chargés (notamment en eau puisqu’il n’y en a pas en haut).

Notre ascension du Piton des neiges sur deux jours avec bivouac au sommet

On sonne donc le départ au lieu-dit du bloc où on laisse la voiture pour la nuit (attention il y a eu des vols, il faut éviter de laisser des affaires à l’intérieur), sur le coup de 12h15, l’idée étant de marcher toute l’après-midi et d’arriver avant la nuit au sommet. On est assez chargés : 17 et 14 kilos (dont 8 d’eau au total), c’est un peu beaucoup !

Le sentier part à l’attaque du rempart nord du cirque de Cilaos direction le gîte de la caverne Dufour, on est dans la forêt et ça grimpe raide et en lacets tout de suite, on n’a pas le droit à la moindre phase de chauffe. On a par contre quelques belles vues sur Cilaos à mesure qu’on prend de la hauteur, notamment au niveau du belvédère en bois où on fait une première pause après 1h (bon en vrai comme des blaireaux on a fait la pause 50 mètres avant le belvédère, donc la vue on l’a eu au passage après ! Ca c’est un de nos classiques !). On en profite, après ça se couvre et on est dans les nuages.  

Vue sur Cilaos grandiose, très rapidement après le départ !

On passe ensuite par une phase moins raide (c’est très relatif quand même), avant et après l’aire de repos qui marque plus ou moins la mi-parcours de cette première phase (à presque 2000 mètres d’altitude), puis on attaque un gros mur dans la dernière partie vers le gîte (de 2100 à 2500 mètres d’altitude), avec carrément des escaliers métalliques dans certaines portions, et un enchaînement de coudes ultra raides. Cette portion est fatigante, les sacs pèsent bien sur les épaules. Après 3h30 on est contents d’arriver enfin au col et au gîte (où on fait la jonction avec les sentiers en provenance d’Hell-Bourg et Bourg Murat), on est sur la crête entre les cirques de Cilaos et de Salazie, à 2500 mètres d’altitude, avec le Piton des Neiges sur notre gauche mais dissimulé par les nuages. A ce stade on a monté 1100 mètres de dénivelé et il en reste 600 (quand même !) pour le sommet. On se fait une pause méritée au niveau du gîte (où il y a un peu de monde, ceux qui s’arrêtent pour la nuit et ceux qui continuent), mais pas trop longtemps car l’heure tourne et on préférerait éviter de finir à la frontale.

On repart donc pour le dernier tronçon qui est loin d’être une formalité. Il n’est pas plus facile que la première partie, la différence est qu’au lieu de monter en lacets dans la forêt le sentier monte tout droit dans la caillasse mais en termes de dénivelé à se taper ça ne nous facilite pas vraiment la vie ! C’est dur-dur, mais l’avantage c’est qu’à force de monter on passe progressivement au-dessus des nuages et après quelques gouttes de pluie on retrouve le ciel bleu et le soleil, ce qui est franchement très bon pour le moral (sauf qu’on se rend compte aussi que le sommet paraît encore bien loin !).

On termine comme on peut en mode un pied devant l’autre et la tête dans les bâtons, et on boucle cette deuxième partie en 2h, juste à temps pour le coucher de soleil sur la mer de nuages et les sommets qui dépassent. Le paysage est magnifique, on sait pourquoi on a fourni tous ces efforts pour monter !

Il n’y a pas beaucoup de monde en haut, seulement quelques campeurs, et des traileurs qui repartent en courant et vont faire la descente de nuit. On installe vite fait bien fait notre bivouac avant la nuit dans un des cercles de pierres : on appréhende un peu le froid, mais on est équipés : couverture de survie par terre pour doubler le tapis de sol, bons matelas et duvets avec drap de soie et bouillote artisanale dans des bouteilles d’eau, vêtements chauds, au final ça passera super bien d’autant qu’on a la chance de tomber sur une suit sans vent ! Un petit planteur pour se récompenser, un repas léger et dodo, la nuit sera courte mais correcte !

Le matin à partir de 4h30 c’est l’autoroute, il y’a foule au sommet, tout le monde est bien réveillé après avoir enchainé des heures de marches, et bien sûr il y a toujours 2-3 boulets avec des drones bruyants. On se cale au niveau de notre tente qu’on a plantée à quelques dizaines de mètres à l’écart du sommet, c’est plus calme pour apprécier le lever de soleil côté volcan Piton de la Fournaise. La vue (à 360 degrés) est plus dégagée que la veille (c’est toujours mieux le matin à La Réunion), sur les cirques et jusqu’à la mer, mais quand même pas au point de porter jusqu’à l’île Maurice comme certains jours très clairs. Le spectacle est époustouflant et on prend le temps d’en profiter avec un café et le petit-dej.

On reste posés un bon moment et on papote avec les gens de passage : des randonneurs, des traileurs (on voit même Blandine L’Hirondel qui est un peu la star locale car elle a gagné la diagonale des fous la semaine précédente, et qui reprend déjà du service !), et même un gars qui est monté avec son parapente et s’apprête à décoller en direction de Cilaos. La vibe sportive de cette île est marrante.

Ensuite il reste à redescendre par le même chemin que la veille. La partie jusqu’au gîte (1h15) est sympa, pas si dure en descente et avec une vue plus dégagée qu’hier qui nous permet de voir le volcan en face de nous et le cirque de Salazie sur notre gauche.

Nos 8 litres d’eau sont épuisés et on se ravitaille au gîte (4 euros le litre !), on prend le temps de se refaire un café au soleil, aujourd’hui rien ne presse, le moment est bien cool. Enfin il reste à redescendre le sentier du bloc, ça se fait bien en 2h15 avec une pause à mi-chemin, et on boucle cette super rando.

Après ça, on avait anticipé qu’on aurait la flemme de reprendre la voiture pour 2h de route, et on est bien contents d’avoir réservé un hôtel sympa dans le village de Cilaos : après le camping au sommet et les nouilles déshydratés, ce soir ce sera hôtel confortable, piscine et raclette !

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