Colombie

Les mystérieuses statues de San Agustin

Des centaines de statues sculptées dans de gros blocs de roche volcanique, éparpillées dans les montagnes depuis près de 2000 ans, dont la plupart gardent des tombes mais dont on ne sait encore que peu de chose sur le sens exact ou sur le peuple qui les a réalisées ? Ce site entouré d’un parfum de mystère, c’est San Agustin ! Perdu dans un recoin de la cordillère des Andes dans le sud de la Colombie, c’est certainement l’un des sites archéologiques les plus étonnants d’Amérique du sud.

La route entre Pasto et Pitalito étant considérée comme dangereuse (en fait, LA plus dangereuse de Colombie au point qu’elle est intitulé « la route de la mort »), depuis Ipiales on avait décidé de suivre la panaméricaine jusqu’à Popayan, avant de traverser la montagne direction San Agustin. Le trajet Popayan – San Agustin, via le parc national du Puracé, est impressionnant (on traverse entre autre un beau paysage de Paramo, un plateau d’altitude), mais un peu pénible : la route n’est goudronnée que sur quelques portions, le reste du temps c’est de la piste sinueuse et pleine de pierres sur laquelle le minibus brinqueballe allègrement (et nous avec, évidemment)… Autant dire que les 5 heures de trajet (pour 130 kilomètres) passent lentement…

Visiter San Agustin par ses propres moyens, mode d’emploi

On arrive donc au village de San Agustin, camp de base incontournable pour la découverte du site archéologique du même nom. Enfin, DES sites archéologiques, car en réalité les statues sont disséminées un peu partout dans les environs du village : si la grande majorité se trouve dans le parc archéologique principal, il y a plusieurs autres sites secondaires.

Quand on se renseigne sur la façon de visiter ces sites secondaires, que ce soit dans les guides ou sur place, les tours organisés à cheval et en jeep reviennent invariablement, au point qu’on peut parfois avoir l’impression qu’ils sont inévitables. Comme on n’est pas trop fans des tours organisés, on a creusé la question pour trouver des solutions de visites par nos propres moyens ; bonne nouvelle, elles existent, et on vous les donne dans ce post !

Le parc archéologique de San Agustin

Situé à 3,5 kilomètres du village, le parc archéologique est accessible en bus (il y en a plus ou moins toutes les 30 minutes, et il coûte 1200 COP). Il regroupe la grande majorité des statues de la région. Certaines ont été récupérées à droite à gauche (les habitants du coin s’en servaient au début du XXe Siècle comme pilier pour leur maison, comme déco…) et ont été rapatriées là, elles forment une sorte d’expo dans le petit musée à l’entrée du site puis en pleine forêt.

D’autres sont toujours à leur place d’origine, au niveau des tombes où elles avaient été installées. Les personnages importants étaient enterrés dans des sarcophages de pierre installées sous une structure faite de gros blocs de pierre avec un toit en pierre lui aussi, type dolmen. Devant cette construction, plusieurs statues montent la garde, et le tout était recouvert de terre jusqu’à former une sorte de petite colline.

Les statues sont intéressantes, elles ont des traits anthropomorphes mais avec des caractéristiques animales : de grandes oreilles, des longues dents de jaguar… Certaines sont plus proches du monstre que de l’humain. Quelques-unes ont des colliers ou coiffures qui évoquent le style des sculptures de l’Egypte antique… De quoi alimenter ici certaines théories sur des rencontres entre égyptiens et peuples pré – colombien… Bon, comme on sait peu de choses du peuple de San Agustin, chacun y va un peu de sa petite idée !

La visite suit un circuit dans la forêt, et dure environ trois heures.

Les sites au nord du village de San Agustin (El Tablon, la Chaquira, El Purutal)

Plusieurs sites secondaires sont dispersés au nord du village de San Agustin : El Tablon, la Chaquira, El Purutal. C’est le parcours type des balades à cheval. En réalité, ils sont tout à fait accessibles à pied. La boucle complète, au départ du village, nous a pris 5 heures, en prenant notre temps, avec visites, pique-nique et petit café. Du village, il suffit de monter en suivant la route sur près de deux kilomètres (on peut aussi le faire en bus ou taxi), avant de bifurquer sur la droite, sur un sentier qui mène d’abord à El Tablon (en 5-10 minutes) puis à la Chaquira (en 30 minutes supplémentaires).

El Tablon se résume à quelques statues et ne nous a pas semblé incontournable.

La Chaquira n’est pas vraiment une statue, c’est plus une gravure dans la roche, intéressante surtout par son positionnement face à la vallée du rio Magdalena : le cadre est impressionnant.

On peut ensuite revenir un peu sur ses pas puis suivre le sentier qui rejoint la route et reprend de l’autre côté un peu plus haut (au passage il faut traverser un champ privé, il y a une barrière mais on peut l’ouvrir et passer). Il faut marcher une bonne heure pour atteindre le site de El Purutal, qui selon nous est le plus intéressant des trois, car deux statues ont bien conservé leurs couleurs (ce qui n’est pas le cas des autres) ce qui les rend très impressionnantes.

NB : Pour ceux qui ne veulent pas ou ne peuvent pas trop marcher, la piste qui mène à El Purutal permet le passage des voitures, il doit donc être possible de négocier au village avec un taxi ou un moto-taxi pour s’y rendre rapidement.

Pour le retour vers le village depuis El Purutal, les gens du coin conseillent un raccourci : au lieu de suivre le sentier, on coupe à travers champ, moyennant quoi on se retrouve parfois à ramper sous les barbelés et à passer au milieu des vaches, mais effectivement on gagne du temps !

Les sites de El Alto de los Idolos et Las Piedras

Les sites de El Alto de los Idolos et de Las Piedras ne sont pas loin de San Agustin à vol d’oiseau, mais ils sont de l’autre côté de la vallée, ce qui les rend un peu moins accessibles… On peut les rejoindre soit en transport en commun, soit à pied. Sinon, au village tout le monde propose un tour en jeep à la journée, qui passe par ces deux sites et aussi quelques cascades (9h-17h, 30.000 COP par personne).

On va en face !

L’option pieds est l’occasion d’une belle rando et on la conseille vraiment. En tout il faut compter environ 3 heures, même un peu moins. On sort du village par la même route que pour aller à El Tablon et la Chaquira, mais on la quitte un peu avant, par un sentier sur la droite qui descend jusqu’au rio. Une fois en bas, il faut traverser le rio par un pont qui penche dangereusement mais qui tient encore le coup (jusqu’ici), puis remonter sur la face opposée, par un sentier en Z.

A votre avis, ça passe ou ça casse ? Réponse : ça passe !!!!!

On passe aux pieds de deux cascades, qu’on retrouve plus tard dans la montée (en passant en haut cette fois. Logique, non ?). Attention, maps.me ne connait pas le chemin qu’il faut suivre, il n’indique qu’un chemin qui fait un long détour, qu’il faut donc quitter à un certain point (orientez vous en vous dirigeant vers les cascades).

Arrivés en haut, c’est le retour à la civilisation : il y a un petit village avec… un restau – piscine ! Les bassins sont artificiels mais sont alimentés par de l’eau de source (très fraiche). On s’y pose deux heures pour faire trempette et manger un bon poisson (et faire les gamins dans le toboggan !) en profitant du soleil. L’endroit est cool, et contraste avec le sentier de rando plutôt sauvage.

Par contre après cette pause la reprise est difficile, on a les jambes lourdes pour les 45 minutes restantes. On finit quand même par atteindre le site d’El Alto de los Idolos, où on peut voir plusieurs tombes et monuments funéraires protégés par leurs statues. La visite est intéressante, mais il n’y a rien de très différent de ce qu’on peut voir dans le parc principal, en dehors d’un couvercle de sarcophage représentant un crocodile, et d’une statue qui est la plus grande de la région.

Pour le retour, il faut un peu improviser : devant l’entrée, on attend le passage d’un véhicule en buvant un petit jus de canne à sucre et en regardant tomber l’averse torrentielle qui vient brusquement de se déclencher. Branle-bas de combat quand le chiva passe : on se précipite pour monter à bord dans le but de rejoindre le village de Isnos, mais en fait le chiva n’y va pas et nous laisse deux kilomètres plus loin. Pour éviter d’attendre une demi-heure, on fait du stop et on grimpe dans la charrette qu’un gars traine à moto, où on se retrouve au milieu des sacs et en compagnie d’un papy qui était déjà du voyage. A Isnos, on peut trouver une camioneta qui permet d’aller jusqu’au croisement (El cruce) de San Agustin, où on peut prendre une autre camioneta pour rejoindre le village. En tout, le trajet dure environ 1 heure et coûte 8000 COP par personne. On peut évidemment aussi faire l’aller-retour comme ça, et/ou pousser jusqu’à l’alto de Las Piedras (il y a des camionetas depuis Isnos).

Au final, on aura passé trois jours très sympas à San Agustin, entre balades et repos dans le super petit camping où on avait planté notre tente, dans un champ au milieu des chevaux et des oiseaux multicolores… Un vrai retour à la nature !

Prochaine étape : le désert de Tatacoa ! 

Infos pratiques

Bus Popayan – San Agustin : trajet 5h, tarif 35000 COP par personne

Camping à San Agustin : on conseille le camping Gamcelat, un peu en dehors du village sur la route du parc archéologique, tout se fait très bien à pied. 8000 COP par personne avec sa tente, WIFI, douche froide.

Hostal à San Agustin : on a passé la dernière nuit à l’hostal El Jardin, chambres TB, eau chaude, wifi, cuisine. Chambre avec SDB partagée 40000 COP. L’hostal El Bambu est aussi une bonne option avec des prix similaires.

Visite du parc archéologique de San Agustin : 25.000 COP, billet donnant aussi accès à El Alto de los Idolos et de Las Piedras (en principe le lendemain, mais on est entrés sans problème deux jours plus tard).

Visite d’ El Purutal : 4000 COP

Visite de El Tablon et La Chaquira : gratuit

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