La Cordillera Blanca, à vous couper le souffle !
Après quelques jours à Lima, notre prochaine destination au Pérou va nous permettre de retrouver les Andes, puisqu’on prend la route de la ville de Huaraz, au nord, à 10 heures de bus de la capitale. Perchée à 3100 mètres d’altitude, au fond d’une vallée dominée à l’Est par les hauts sommets de la Cordillera Blanca (dont plusieurs culminent à plus de 6000 mètres et sont donc en permanence enneigés), et à l’Ouest par ceux, moins hauts, de la Cordillera Negra (qui eux ne sont pas enneigés), Huaraz est la grande ville et le centre d’activités de cette région rurale, très verte, où l’agriculture tient une place importante.
Les modestes hameaux qui parsèment la vallée sont encadrés par de petites parcelles, à flanc de montagnes, où l’on cultive, à la main, le maïs ou encore la pomme de terre. La région a conservé des modes de vie traditionnels, ce qui se voit en particulier aux tenues vestimentaires, surtout des femmes : on retrouve ici les tissus colorés, les jupes plissées typiques des Andes, et les chapeaux décorés.
De par sa position géographique, Huaraz est devenue une destination touristique importante (tant pour les péruviens que pour les étrangers), car elle est un camp de base idéal pour les innombrables treks et excursions possibles dans la région, à la découverte de ses lagunes, glaciers et autres canyons. Et c’est bien la raison de notre présence ici !
On consacre notre première journée à parcourir le centre ville, très animé, que ce soit au niveau du Mercado Central, de la Plaza de Armas ou des rues adjacentes, mais qui ne présente pas de charme particulier (il faut dire que la ville a été largement rasée par un tremblement de terre en 1970). On profite aussi de cette journée pour organiser notre programme pour les jours à venir. Pas facile, car il n’y a que l’embarras du choix, mais il faut aussi tenir compte de la météo (en ce début janvier, c’est le début de la saison des pluies et en gros le temps est correct le matin mais chaque jour la pluie arrive en début d’après midi et dure jusqu’au soir), et de l’altitude, à laquelle il faut prendre le temps de s’acclimater.
La laguna de Wilcacocha en guise de mise en jambes
Dès le deuxième jour, notre première rando est celle de la laguna Wilcacocha, qui est considérée comme une bonne mise en jambes avant des excursions plus difficiles. Elle se fait très facilement par ses propres moyens, il suffit de prendre un combi au niveau du mercado central et de descendre au niveau du puente Santa Cruz après environ 15 minutes de route. Ensuite c’est parti pour 1h30 à 2h de montée en prenant son temps, d’autant que ça grimpe raide (le dénivelé est d’un peu plus de 600 mètres : on part de 3100m et on arrive à 3700m), sans que le sentier ne présente de difficultés particulières. Pour la redescente, il faut compter une bonne heure et une fois arrivés au bord de la route, il suffit d’arrêter le premier combi qui passe (et il en passe tout le temps).
En ce qui nous concerne la montée se fait tranquillement et sous un beau soleil. Le chemin très verdoyant traverse des villages et des champs, et on croise un certain nombre d’habitants de 7 à 77 ans qui ne manquent jamais de nous indiquer gentiment le chemin, hormis une grand-mère espiègle qui nous fait une blague en essayant de nous faire croire qu’on s’est trompés de montagne 🙂 ! Arrivés en haut, on constate (mais on le savait déjà), que la lagune n’a rien d’exceptionnel, mais que la vue sur la vallée et sur la cordillère blanche est vraiment belle et justifie à elle seule largement le déplacement (même si pour nous, la cordillère est en grande partie dans les nuages). Par contre, comme on a un très bon sens du timing, à la seconde exacte où on débouche au bord de la lagune, on se prend une averse (pluie puis… grêle !)… Au lieu de s’abriter, Nico décide de faire quand même le tour de la lagune sans attendre… On finit donc complètement trempés avant de se chercher un abri et d’attendre que l’averse passe ! Finalement on a quand même de la chance, au bout de 15 minutes la pluie s’arrête et le soleil revient, ce qui nous permet de sécher rapidement et de redescendre au sec !
Infos pratiques Laguna de Wilcacocha
Pour rejoindre le début du sentier, prendre un combi (N°10 ou E) au niveau du mercado central. Pour ceux qui utilisent maps.me l’endroit est indiqué sur l’appli. Le trajet dure 15 minutes environ et coûte 1 sol par personne. Il faut demander à descendre au niveau du puente santa cruz (il n’y a pas d’arrêts fixes, le chauffeur s’arrête à la demande).
La laguna 69, ça se mérite !
L’une des plus belles lagunes de la région, c’est la Laguna 69. Prenons tout de suite un instant pour régler une question qui, on en est sûr, germe déjà dans vos esprits de petits coquins : pourquoi ce nom ? N’allez rien imaginer d’extravagant, c’est juste le numéro d’enregistrement administratif de cette lagune, dans une région qui en compte des centaines. Déçus ?
En tous cas c’est une lagune qui n’est pas facilement accessible : elle est située à 4600 mètres d’altitude, et se rejoint en trois heures de marche, avec un dénivelé de 800m (le début du sentier, au lieu-dit Cebollapampa, étant à 3800m). Pour la redescente, il faut compter deux heures. A cela s’ajoute le temps de route, Cebollapampa étant à 3h de trajet de Huaraz. Pour voir la Laguna 69 il faut donc en passer par une journée de 6 heures de route et 5 de marche. L’accès en transports en commun est difficile et il est plus simple (et moins cher) de passer par une agence (même si on se retrouve en groupe) qui assure le transport aller-retour et l’accompagnement par un guide. En fait le guide ne guide rien du tout car il est impossible de se perdre, il assure plus un rôle de voiture-balai et de secouriste, ce qui n’est pas inutile vu le parcours !
On le dit franchement, pour nous cette rando a été difficile, en raison de l’altitude à laquelle on n’était visiblement pas assez accoutumés. Le parcours commence pendant 30-40 minutes par la traversée d’un plateau, le long d’un petit torrent, avec un sentier en faux-plat de plus en plus faux jusqu’à devenir une vraie montée. Sur cette première partie le souffle est déjà court et le groupe s’étire lentement.
On arrive ensuite à la première montée, bien raide, qui dure 1h15-1h30. Au bout de deux heures, on arrive en haut, au niveau d’une petite lagune avec une belle vue sur la vallée et le chemin parcouru. Hormis le bruit des cascades qu’on croise de temps à autre et le chant des oiseaux, le calme est parfait.
A ce stade, un panneau indique qu’il reste une heure de parcours en commençant par la traversée d’un plateau bien plat comme il faut, ce qui fait que le moral est au beau fixe. L’erreur ! Parce qu’au bout de ce plateau qu’on traverse en 15 petites minutes, nous attend la deuxième montée… Et là, bam dans ta gueule le moral ! Car cette deuxième ascension est vraiment dure, l’altitude se fait sentir, et en plus il se met à… neiger ! Célia est la première à en souffrir ; à ce stade elle n’arrive quasiment plus à mettre un pied devant l’autre et sa démarche évoque fortement celle des zombies de Walking Dead. On en est à se demander si on atteindra le sommet. Au cours de son agonie on rejoint un Brésilien qui n’a pas l’air en meilleur état, il est posé sur un rocher avec l’air hagard ; il nous dit que c’est fini pour lui, il n’ira pas au bout, tant pis la lagune il n’en a plus rien à faire, mais il est heureux car c’est la première fois qu’il voit la neige alors tout va bien ! On le remotive et c’est ensemble qu’on finit le parcours, entre compagnons d’infortune, en faisant des pauses toutes les 2 minutes et en mâchouillant frénétiquement nos feuilles de coca.
On arrive finalement à la lagune après 3h10 de marche. Et là, le paysage en vaut la peine, non ?
On s’installe face à la lagune et on admire. Mais pas longtemps, même au repos l’altitude est trop dure à supporter, Célia est prise de nausées et ne bouge plus, quant à Nico, il commence à avoir un mal de tête de ouf… Une seule solution, redescendre, ce qu’on fait après à peine une demi heure en haut… On se met en pilote automatique et c’est parti pour le retour : lance les pieds en avant et laisse la gravité faire le reste, c’est pas plus compliqué ! On reprend quand même du poil de la bête en cours de route, et on rejoint Cebollapampa sans plus de difficulté. On apprendra en bas que plusieurs personnes dans notre groupe n’ont pas pu atteindre le sommet, et que le guide a dû redescendre un Coréen victime d’un malaise…
Bref, cette rando pour la Laguna 69 n’est pas infaisable, mais à notre avis il est trompeur de la présenter comme facile et comme une simple marche d’entrainement avant des randos plus dures encore. Avec le recul, on se dit qu’on l’a faite trop tôt et qu’on aurait dû passer quelques jours de plus au niveau de Huaraz pour mieux s’acclimater. Notre conseil, donc : ne pas se précipiter !
Infos pratiques Laguna 69
Tarif des agences pour le transport A/R depuis Huaraz 35 soles (en janvier 2018). Par ses propres moyens il faut prendre un collectivo pour Yungay (5 soles) puis de là un autre pour cebollapampa (15 soles) qui part vers 7 heures du matin. Pour le retour, c’est plus compliqué, il faut attendre qu’un collectivo passe, ce qui peut supposer de passer la nuit sur place (en tente, il y a un espace camping à Cebollapampa).
Temps de parcours : la montée se fait généralement en 2h30 à 3h30 selon la forme, la redescente en environ 2 h.
La laguna Chinancocha (Llanganuco) : pour le plaisir des yeux !
Une autre lagune qu’on a pu voir, sur la route vers Cebollapampa, c’est la laguna Chinancocha (l’une des deux lagunes désignées ensemble sous le nom de Lagunas Llanganuco). Comme elle est très proche du point de départ de la rando pour la laguna 69, le bus y marque l’arrêt au passage, mais on peut aussi y aller spécifiquement : l’avantage est qu’il n’y a pas du tout à marcher, la lagune est au bord de la piste par laquelle passent les véhicules. C’est donc une bonne solution pour ceux qui ne se sentent pas en mesure de faire l’ascension vers la laguna 69, d’autant que cette lagune, bordée de Queñoales (ou « arbre de papier », des arbres orange qu’on ne trouve que dans les Andes, et avec une variante en Australie), est superbe aussi.
Le mirador de Rataquena et les banos de Chancos : une journée de repos
Pour se remettre de nos émotions à la Laguna 69 on se réserve une journée plus calme. Le matin on grimpe au mirador de Rataquena à une petite heure du centre d’où il y a une très belle vue sur la ville et sur la montagne qui l’entoure. Dès notre arrivée au mirador on se retrouve à sympathiser avec une famille péruvienne en vacances dans la région.
Pour détendre nos muscles endoloris on décide de poursuivre la journée aux « Banos Thermales » de Chancos, bains alimentés par des sources d’eaux chaudes naturelles. Les péruviens s’y rendent en famille et l’endroit est très animé. Il y a sur place des piscines d’eaux chaudes en plein air avec vue sur la montagne et des petits saunas individuels (pour lesquels il faut attendre assez longtemps). Bref c’est l’endroit parfait pour se détendre !!
Infos pratiques Banos de Chancos
Pour s’y rendre, prendre un collectivo pour Carhuaz du côté de la Calle Caraz ; il faut descendre au village de Marcara (trajet environ 25 minutes, tarif : 3 soles) ; de là il y a des taxis collectifs qui desservent les banos (1,5 soles).
Entrée aux Banos : 5 soles. Sur place il y a des stands pour manger
Et sur ce, on décide d’en rester là pour cette première découverte de la région. Vu la météo, on remet à une prochaine fois les autres randos qu’on avaient envisagées, à commencer par le célèbre trek de Santa Cruz.
C’est parti pour notre prochaine étape => Trujillo !
Infos pratiques Huaraz
Bus Lima – Huaraz : 10h de trajet (au lieu de 8 annoncées) avec Movil tour, 35 soles par personne.
Hostal à Huaraz : Alojamiento Soledad, dans le quartier du même nom, à 5-10 minutes de la plaza de Armas. Chambres TB, SDB communes avec eau bien chaude, pt dej inclus, 75 soles par nuit
10 commentaires
Tim
Super article ! On est justement à Huaraz en ce moment et on cherchait des infos. Je n’ai pas vu dans l’article, mais vous avez bien payé les 30 soles à chaque fois que vous êtes entrés dans le parc Huascarán non ?
Kikis
Salut Tim, merci pour ton message 🙂
On nous a effectivement dit que l’entrée au parc était de 30 soles pour les étrangers et de 15 soles pour les Péruviens.
Mais la seule fois où on est allés dans le parc c’était par une agence, le guide s’est chargé d’acheter les billets pour tout le bus et a « négocié » le tarif de 15 soles pour tout le monde en disant « todos somos peruanos! »… On sait pas dans quelle mesure vous allez pouvoir négocier la même chose à votre passage !
Tim
Merci pour cette réponse !
Ben on n’a pas eu cette chance. 30 soles pour les gringos :/
Et dire que c’était 10 il y a encore quelques semaines …
Encore un autre endroit qui va devenir de plus en plus cher chaque année pour les étrangers.
30 soles, ça va, mais si tu rentres dans le parc plusieurs fois tu te tapes la taxe à chaque fois 🙁
Kat
Ah mais je croyais que la lagune 69 était à Lyon!!!
Yoda
Dure la rando’ heureusement qu’il y a les feuilles de Coca…..
Photos toujours aussi belles meme si vous etiez titubants
Kikis
On a fait tout ce qu’on a pu pour tenir le coup !! La coca sous forme de tisane, de bonbons, et donc aussi à l’état but ! Apparemment ça aide un peu !
le monstre et tritrille ...
eh bien, pour une première aventure, c’est une aventure !!
d’abord, Nico, laisser Célia sous la pluie et vouloir quand même faire l’excursion, quelle imprudence !!
quant à l’excursion de la laguna 69, vous avez dû vraiment souffrir … c’est vrai que l’altitude est difficile à supporter et prenez par la suite quand même des précautions !! mais comme vous avez dû être heureux de l’avoir faite !! bravo !! vos photos sont, comme d’habitude, superbes !! merci de nous faire participer à toutes ces découvertes …. bon courage pour la suite !! et plus d’imprudences ….. ???
Kikis
Merci !! Rassurez vous Célia sait se défendre 🙂
Agnes bucaille
Que de beaux paysages. Mais vous en avez bien ch…. Hein ? Des bisous
Kikis
Ca on peut le dire ! Tu as bien compris ce qu’on a vécu ici 😉