Lac Titicaca, entre Bolivie et Pérou
Dans la série les-lieux-qui-nous-faisaient-rêver, voici venu le lac Titicaca ! On était impatients de découvrir ce célèbre lac, atypique et mystérieux à plus d’un titre. Son emplacement, d’abord : le vaste lago Titicaca (plus de 8400 km2) est posé au milieu de l’altiplano, au cœur des Andes, en haute altitude (3800 mètres), dans un environnement aride et hostile qui le soumet lui-même à rude épreuve (avec une très forte évaporation de ses eaux). Son histoire contribue également à l’entourer d’une aura forte ; car Titicaca occupe une place importante dans la mythologie inca, les légendes racontant que Manco Capac, le premier empereur et descendant du dieu Soleil, aurait émergé de ses eaux, avant d’aller fonder Cusco, capitale de l’empire inca. Le lac fait ainsi figure de berceau de la civilisation Inca, rien que ça !
Aujourd’hui, le lago est partagé entre la Bolivie et le Pérou, et les deux côtés présentent des richesses bien différentes. Si les villes et villages installés sur ses rives n’ont que peu d’intérêt, c’est au cœur du lac, du côté des îles, qu’il faut se rendre pour l’apprécier au mieux, avec son atmosphère envoûtante. C’est parti pour de superbes découvertes !
Le lac Titicaca côté bolivien : trois jours sur la Isla del Sol
Côté Bolivien, c’est sur la Isla del Sol, au large de Copacabana, qu’on décide de se rendre. Première surprise, pour rejoindre Copacabana depuis La Paz, il faut passer un bras de lac, et la traversée est assez folklorique, puisque c’est sur une sorte de grande barque en bois que le bus fait la traversée… On peut rester à bord si on a le cœur bien accroché, ou, plus prudemment, on peut traverser de son côté dans un petit bateau…
Après une nuit à Copacabana, ville de peu d’intérêt (en dehors de son église, devant laquelle on procède à la cérémonie du baptême des voitures… Le catholicisme fervent des Boliviens se mêle de pratiques peu orthodoxes !), on prend la direction de la Isla del Sol, à 1h30 de bateau.
L’île est tout en relief, faite de collines abruptes, striées de cultures en terrasse, qui dévalent vers le lac. Quand on arrive, la montée avec les sacs est dure-dure : l’escalier inca par lequel on commence est ultra raide (oui, inca ! On est tout excités d’emprunter un escalier inca ! Mais la montée n’en est pas facilitée pour autant…), et le sentier qui suit ne l’est pas moins. On fait la course avec une grand-mère surchargée, et bien sûr on perd.
Mais le jeu en vaut la chandelle : 45 minutes plus tard, on s’installe dans l’hostal qu’on avait repéré, l’hostal Puerta del sol, installé tout en haut, sur les crêtes. On y trouve une vue magnifique sur le lac, superbe en contrebas avec ses eaux d’un bleu profond, et les hauts sommets enneigés de la cordillère en toile de fond.
L’ambiance est raisonnablement touristique, l’endroit n’a pas perdu son authenticité. Les habitants vivent essentiellement de l’agriculture, on croise plus de paysans menant leurs ânes (qui sont essentiels ici pour le transport, notamment pour remonter l’eau du lac, car il n’y a pas d’eau courante) que de touristes.
Il faut dire que la majorité des visiteurs font un rapide aller-retour dans la journée depuis Copacabana et ne restent pas dormir (ou alors une seule nuit), et finalement, à partir de la fin d’après-midi il n’y a plus grand monde sur l’île. Pour notre part on ne regrette pas d’avoir décidé de passer trois jours ici, où l’atmosphère est vraiment paisible.
La plus belle rando à faire ici, c’est celle des crêtes, qui traverse l’île du sud au nord (ou inversement) sur presque toute sa longueur. De là haut, les points de vue magnifiques s’enchaînent, avec les pentes pelées des collines, les criques en contrebas, et la vue à 360° sur le lac. On croise en chemin des vestiges incas, les mieux conservés étant ceux du palais qui se trouve tout au nord. Rien de comparable au Machu Picchu, bien sûr, mais c’est une bonne entrée en matière pour nous qui n’en sommes qu’à nos premières ruines incas !
L’autre grand plaisir du séjour, c’est la dégustation de la truite du lac. Mention spéciale à celle du restau Las Velas, juste à côté de l’hostal Puerta del Sol. Un vrai régal, qui vaut bien l’heure d’attente, et puis le midi, le cadre est magique (le soir on mange à la bougie, il n’y a pas d’électricité).
C’est enchantés qu’on repart après nos trois jours sur l’île. On n’a pas trouvé le trésor perdu des Incas qui selon une légende attendrait quelque part au fond du lac (il faut dire qu’avec des eaux à 10 degrés, on n’a pas trop eu envie de faire trempette..), mais on a découvert un endroit magique, calme et magnifique.
Infos pratiques – comment visiter la Isla del Sol
Depuis Copacabana, on peut opter pour une visite à la journée. Le grand classique : partir avec le premier bateau, celui de 8h30 (environ…) se faire déposer au nord de l’île, après 2h de bateau, faire la rando des crêtes dans le sens nord – sud (faisable en 2h30 pour les bons marcheurs qui ne passent pas par les ruines, en 4h avec le détour par les ruines de la pointe nord), et repartir du sud (village de Yumani) avec le bateau de 16h, qui rentre à Copacabana en 1h30.
Pour ceux qui ont le temps, dormir sur l’île est vraiment sympa. On peut reprendre le programme précédent et y ajouter une nuit après la balade (et un repas à Las Velas !! ;-)) et repartir le lendemain matin, avec le bateau de 10h. A notre avis, dormir plusieurs nuit, c’est vraiment une bonne idée aussi : tranquillité assurée, chaque jour on est quasiment seul à Yumani jusqu’à l’arrivée des marcheurs de la journée, dont la plupart repartent le soir même. On peut alors faire la rando des crêtes en aller retour sud-nord, nord-sud, ou rentrer par la côte, ou encore en bateau (départ du nord vers le sud à 13h30 environ).
Sur place, on recommande l’hostal Puerta del Sol, pour son ambiance et la vue incomparable qu’il offre. Par contre, confort basique : chambre dépouillée, lit dur comme une planche et sdb commune plus que limite (et la douche ne connaît que deux réglages : glaciale ou bouillante). Par contre il y a de l’électricité. Tarif : 80 bolivianos la chambre double.
Tarif du bateau : l’AR dans la journée est négociable à 35 bolivianos par personne. Pour un aller simple : 20 bolivianos dans le sens Copacabana – Yumani, 25 pour le retour (on n’a pas pu négocier, il n’y a qu’une compagnie pour le retour et elle en profite !).
Sur l’île, deux droits d’accès à payer : 5 bolivianos pour l’accès à la zone de Yumani (il y a un péage en bas au débarcadère et un sur le chemin des crêtes, à ne payer qu’une seule fois), 20 pour le sentier des crêtes vers le nord.
Le lac Titicaca côté péruvien : un petit tour sur les Islas Uros
Vient ensuite le moment de quitter la Bolivie et de prendre la direction du Pérou ! A partir de Copacabana, on rejoint Puno, côté péruvien, en trois heures de bus. Là, une vraie curiosité nous tend les bras : les îles flottantes des indiens Uros, des îles artificielles faites en totora, c’est-à-dire en roseaux, fabriquées et habitées depuis des siècles.
Ces îles sont devenues très touristiques et du coup, nombreux sont les voyageurs qui s’interrogent : y aller ou pas ? Quant à nous, aucun doute, impossible de passer à côté d’îles aussi intrigantes et atypiques. Touristiques ou pas, on veut voir ça de nos yeux, et les fouler de nos pieds !
Plusieurs dizaines d’îles sont installées plus ou moins en un vaste cercle reformant en son centre une sorte de lac dans le lac. Entre ces îles de très petites tailles, habitées chacune par quelques familles seulement, qui vivent dans de petites cabanes de bois et de roseaux, on se déplace, bien sûr, en bateau. Sur les îlots, le sol est mou, le pied s’enfonce de quelques centimètres, on adopte une démarche plus lente et plus délicate.
Le mode de vie est communautaire : ici on partage les ressources entre les familles (on vit de la pêche, de l’élevage des canards, et évidemment du tourisme). Il est, d’ailleurs, impossible de savoir à l’avance quel îlot exactement on visitera, qu’on vienne avec une agence ou, comme nous, avec un bateau–collectivo depuis le port de Puno : à l’entrée du village d’îles, le bateau passe devant une guérite et reçoit l’indication de l’île sur laquelle il doit se rendre : ici, pas de concurrence, le système assure que toutes les familles reçoivent la visite d’un nombre égal de bateaux. C’est le partage des richesses en pratique !
La visite se déroule selon un rituel immuable : on débarque sur l’île qui nous a été désignée, on y reçoit des explications sur la construction des îles (qui ont une durée de vie de 70 ans environ, avec un entretien quotidien), on visite l’île et une cabane, avant que n’arrive le moment de la présentation de l’artisanat que l’on est invité à acheter (c’est le côté souvent décrié, mais il n’y a pas de pression et les prix sont corrects). Une balade optionnelle en bateau de roseau est proposée (pour notre part, on l’a déclinée), puis on traverse le « lac intérieur » pour se rendre sur une île plus centrale, qui comporte quelques équipements collectifs. On prend ensuite le chemin du retour, après trois petites heures dans les îles Uros.
Bilan des courses : on ne regrette vraiment pas. Le côté touristique, indéniable, ne peut effacer le fait qu’on vient de voir l’une des choses les plus étonnantes de notre voyage, et on recommande vraiment la visite de ces Islas Uros !
Infos pratiques – comment visiter les Islas Uros
Pour visiter les Islas Uros, il suffit de se rendre sur le port et d’embarquer sur un bateau-collectivo qui s’y rend directement. Tarif : 15 soles par personne, incluant l’AR en bateau et le petit droit d’entrée sur le site. Au total, 3h30 – 4h de balade.
Et voilà ! C’est le troisième grand lac qu’on découvre pendant notre voyage : Titicaca, Inle en Birmanie, et Baïkal en Sibérie… Trois lacs, trois ambiances : et vous, lequel est votre préféré ?! Nous on a du mal à se décider ! Mais puisque les deux premiers avaient eu droit à leur vidéo, on a décidé de ne pas faire de jaloux, et donc… Voici le lago Titicaca en images !
10 commentaires
Elo
j’aime beaucoup la musique du petit film ! Le côté sympa du bus flottant aussi
kat
Ces îles où tout se partage vivent en autarcie? Les gens font du troc?Ils n’achètent rien à l’extérieur?
C’est Utopia!!!
Kikis
Non les gens ne vivent pas en autarcie. Les îles sont à 30 minutes de bateau de la ville de Puno, sur la rive, et il y a des échanges. Désormais beaucoup d’habitants des îles Uros y travaillent
kat
Il y a donc échange d’argent?
Vassor
canon les iles flottantes !! ca donne envie …. 🙂
le monstre et tritrille
sur l’une des photos des îles flottantes, on voit sur le sol de grands « serpents « qui zigzaguent et une petite tour avec une échelle …. on aimerait bien quelques précisions … car, vraiment, on ignorait l’existence de ces îles et c’est passionnant de les découvrir !! merci de nous faire partager toutes vos découvertes et en plus avec une vidéo !!
bien sûr, on pense au lac Inlé !!
Kikis
Alors les « serpents » c’est juste pour s’asseoir, c’est des bancs en quelques sortes. Et la petite tour c’est pour le point de vue. C’est vraiment un endroit étonnant !
le monstre et tritrille
merci pour votre réponse !! notre curiosité a été satisfaite …. continuez à bien vous régaler de vos découvertes ….
JG
belles images ! belle musique pour la vidéo
c est sympa de vous voir dans ce beau décor
bises
Poignie
Merci de continuer à nous faire revivre notre périple du mois de mai.