Namibie

Namibie : 15 jours de roadtrip dans le sud namibien en autonomie (Sesriem, Lüderitz, Fish river Canyon…)

Au départ de Windhoek où on a fait une étape technique de deux semaines, le temps de constater que la capitale namibienne n’a que très peu d’intérêt (hormis pour le super coliving Kamatjona géré par Tuta), on part pour 15 jours à la découverte du sud du pays, en commençant par le désert de Sossusvlei.

L’église, emblématique de Windhoek, Christuskirche
Tuta, notre hôte également devenu ami après quasi 1 mois passé dans son coliving

D’emblée il y a comme un air d’aventure : on charge le 4×4, on part avec deux réservoirs pour un total de 140 litres d’essence, deux roues de secours, un compresseur à brancher sur la batterie pour regonfler les pneus… On est parés pour les 2000 kms de roadtrip qui nous attendent ! 

Trajet de Windhoek à Sesriem via le Spreetshoogte pass et Solitaire

On sort très vite de Windhoek et immédiatement, sans aucune transition nous voilà en pleine nature. On traverse un paysage bien vert (avec les trombes d’eau qu’il est tombé ces dernières semaines ça peut être vert !) au cœur des montagnes. À peine 20 kilomètres après Windhoek il n’y a plus de route goudronnée, la C26 devient une piste de terre orangée qui file à travers les grands espaces, le voyage est lancé ! On croise très peu de véhicules mais déjà de la wildlife (babouins, phacochères, springbok).

Temps fort du parcours, sur la D1275 on passe par le col de Spreetshoogte pass, où on s’arrête pour une vue époustouflante sur la plaine désertique du Namib (en tout cas une petite partie, puisqu’elle longe l’Atlantique sur toute la longueur du pays : plus de 1000 km du Nord au Sud). Ensuite on dévale : la route perd 1000 mètres d’altitude en 4 kilomètres avant de s’élancer à travers les plaines écrasées sous le soleil.

On s’arrête pour l’incontournable pause à Solitaire, un endroit étonnant (très photogénique) qui porte bien son nom, une sorte de station-service améliorée aux faux airs de ville fantôme du far west. On aura l’occasion de voir d’autres endroits de ce type dans le sud du pays : la région est si peu densément peuplée qu’on n’y traverse quasiment aucun village, juste ce type d’implantations minimalistes.

Sesriem, Sossusvlei et Deadvlei

Après cette petite journée de route nous voilà à Sesriem, une autre implantation organisée autour de sa station-service. On se pose pour 3 nuits au camping du NWR à l’intérieur des limites du parc de Sossusvlei (parc 150 N$ par personne et par jour + 50 N$ pour la voiture. Camping 670 N$ par nuit et par personne avec sa tente – le camping le plus cher de notre vie !). Le camping n’est pas si extraordinaire (enfin les emplacements sont grands et il y a une chouette petite piscine alors on ne va pas se plaindre non plus !), mais y dormir permet le lendemain d’entrer dans le désert de Sossusvlei à l’ouverture de la porte intérieur à 6h du matin, et non à l’ouverture de la porte extérieure à 7h (oui, il y a deux barrières successives, et le camping est pile entre les deux. Ensuite l’orientation est facile, il y a une seule route, c’est toujours tout droit sur 65 kilomètres).

En partant à 6h on peut atteindre une dune et d’y grimper à temps pour le lever de soleil. En 40 minutes de route environ on atteint la dune 45 (qui se trouve au kilomètres… 45 ! Le nom n’est pas particulièrement charmant mais au moins les choses sont claires !) : on gare le 4×4 et on grimpe le long de la crête, en 20 bonnes minutes on est en haut, juste à l’heure pour voir le soleil apparaître au-dessus-des montagnes et éclairer le désert (en partie recouvert d’herbe et de fleurs jaunes, un spectacle rare, résultat des fortes pluies de ce mois d’avril 2025). On est peut-être une vingtaine en haut de cette dune, mais suffisamment éparpillés pour que l’endroit reste très tranquille (sinon autre option avec encore moins de monde : la dune 40, 5 kilomètres avant).

A l’assaut de la Dune 45 de bon matin !

On reprend ensuite la route en direction du célèbre Dead Vlei et de la dune Big Daddy. Au kilomètre 60 c’est la fin de la route goudronnée et il reste 5 kilomètres de piste de sable : on peut soit laisser la voiture sur un parking et continuer avec une navette, soit se lancer par soi-même en activant le mode 4×4. Comme tout le monde on a un peu hésité, c’est un peu le conciliabule général sur le parking, en mode « On y va, on n’y va pas ? Et toi, qu’est-ce que tu fais ? », chacun essaye un peu de s’encourager en regardant ce que font les autres et dégonfle ses pneus plus ou moins efficacement, finalement personne ne sait vraiment ce qu’il fait mais presque tout le monde finit par y a aller, on n’a pas fait pas exception, on s’est lancés et on a pu constater que ça passait très facilement, en tout cas personne n’est resté coincé !

Une fois au pied de Big Daddy il y a une bonne heure de marche pour atteindre le sommet, la grimpette est un peu dure dans le sable et avec la chaleur mais la récompense est à la hauteur : la vue porte loin sur le désert, les dunes et même les montagnes au loin. La redescente est beaucoup plus rapide : on prend son élan et on dévale en courant la pente ultra raide.

On se retrouve alors au milieu de Dead Vlei, une cuvette desséchée avec les troncs d’arbres morts il y a plus de 900 ans, qui est l’une des images emblématiques de la Namibie. Il fait une chaleur à crever, on en profite quand même un peu avant de lever le camp. Mais le lendemain on remet ça et on trace directement à Dead Vlei pour le lever de soleil, ce qui nous permet d’y trainer 2h30 en observant les couleurs changer, on repère même une hyène brune en balade.

Enfin on complète notre découverte des lieux en faisant un passage par le Sesriem Canyon, proche de l’entrée : un modeste canyon pas vraiment incontournable !

Et puis pour compléter l’expérience namibienne on a notre premier pneu crevé (3e jour, pas mal !). On a de la chance, ça se produit à l’entrée et on le fait réparer vite fait bien fait à la station-service (120 N$).

Trajet de Sesriem à Mount D’Urban via la Namib Rand Réserve et le château de Duwisib

Pour la suite du parcours on prend la piste plein sud sur la C27, qui traverse la Namibrand Reserve (une réserve constituée de domaines privés mais traversée par la route publique). L’itinéraire est magnifique à traverse ce désert que la pluie a transformé en une sorte de prairie, on traverse d’immenses espaces vides aux couleurs pastel avec les montagnes en toile de fond, on croise des groupes de zèbres, d’oryx, de springboks… Entre la couleur des roches, la pureté de l’air, les espaces vides, il y a à nos yeux comme un air d’altiplano comme on a pu l’explorer dans le sud lipez bolivien ou les Andes péruviennes, l’altitude en moins ! En tout cas on profite à fond du trajet, et on réalise qu’en Namibie la journée de route fait partie intégrante de la découverte et n’est pas seulement une nécessité de déplacement.

A la sortie de la Namibrand réserve on renoue avec les crevaisons : cette fois les deux pneus arrière d’un coup, pas mal ! 50 minutes pour changer ça et c’est reparti (pendant ce temps seulement 3 voitures passent, 2 s’arrêtent pour s’assurer qu’on n’a pas besoin d’aide), autant dire qu’on serre les fesses pour ne pas en crever un 3e jusqu’à atteindre une station-service 1h plus tard au niveau de Betta, où on nous répare les deux sans problème (200 N$ par pneu).

On passe ensuite au niveau de l’étonnant château de Duwisib, une bâtisse style château fort médiéval européen, construit en 1908 par un baron allemand : c’est le moment wtf du jour !

Enfin après cette longue journée de route on arrive au niveau de Mount D’Urban, notre étape du jour : un campsite appartenant à la ferme du coin, au milieu d’un vaste plateau désert face à une chaîne de montagne à sommet plat (type table mountain). Le panorama est incroyable et le calme est absolu (il n’y a RIEN, et si la piste traverse le plateau la moyenne de passage doit être d’une voiture par heure…). C’est vraiment le camping parfait à nos yeux, on se ravitaille avec les produits de la ferme (œufs, viande, dates locales et un improbable chutney d’aubergine…) avant de passer une soirée braï bien agréable sous un ciel étoilé sublime.  

Le 2e jour, on rencontre à la ferme Harry et Alta, des visiteurs pas comme les autres. Harry nous explique qu’il a grandi dans cette ferme, qui appartenait à ses parents, dans les années 1960. Il nous dit qu’il faut absolument qu’on monte au sommet de la table mountain qui domine la ferme, pour un panorama exceptionnel. La piste qui y mène (que son père a tracé il y a 60 ans) est très raide et cahoteuse, mais ça passe on n’a qu’à le suivre. On se laisse convaincre, avec pour résultat la piste 4×4 la plus difficile de notre voyage (on n’aurait jamais osé se lancer seuls), et effectivement un paysage magnifique, avec le désert exceptionnellement vert. D’ailleurs, c’est si rare que ça ce vert ? C’était comme ça en 1974, selon Harry : ok, vraiment rare, donc !

Lüderitz et le village fantôme de Kolsmanskop

Après ces deux nuits à Mount d’Urban on reprend la piste direction Lüderitz. On fait un court arrêt à Hemerlinghausen (plus un lieu-dit qu’un village, là encore) pour « la meilleure apple pie de Namibie », encore une puisque Solitaire revendique le même titre. Ensuite, une bonne heure de piste jusqu’au village de Aus, puis une autre sur la B4, qui est goudronnée, ça repose ! Elle file tout droit le long de la voie ferrée à travers le désert, qui devient de moins en moins vert puis totalement aride à mesure qu’on avance et qu’on perd de l’altitude (-1500 mètres entre Aus et Lüderitz).

A Lüderitz, on découvre une petite ville étonnante au style colonial allemand et avec un côté port industriel. On fait une courte balade en commençant par l’Église Felsenkirche en surplomb de la ville et de l’océan, avant de jeter un œil aux maisons de Berg steet puis à l’ancienne gare. On se dirige ensuite vers la presqu’île de Shark, qui a la particularité d’avoir abrité au début du 20e siècle… un camp de concentration pour Namas et Herero massacrés par le colonisateur allemand. Aujourd’hui, on trouve sur place une plaque commémorative et… un camping du NWR ! Drôle d’idée quand même à nos yeux, on n’a pas eu très envie d’y planter la tente et on a préféré prendre un bnb : ce soir on dort dans l’ancienne maison du gouverneur, rien que ça !

La gare de Lüderitz

Le lendemain, on va visiter l’incontournable du coin : le site de Kolmanskop, un ancien village de mineurs de diamants situé à 10 kilomètres en retrait de la côte, devenu aujourd’hui village fantôme dans le désert (180 N$ par personne, entrée entre 9h et 13h, sortie avant 15h). On y passe deux heures à déambuler dans les maisons en ruine prises dans le sable, et à chercher les meilleurs plans photos.

Pour finir la journée, il nous reste à faire un passage par Diaz Point au bout de la presqu’île, une visite dont on peut en réalité largement se dispenser, et à déguster les bonnes huîtres de Lüderitz, histoire de reprendre des forces avant de poursuivre la route.

Trajet de Lüderitz vers la Orange river et détour par Oranjemund

Pour repartir de Lüderitz il n’y a pas 36 itinéraires possibles, on reprend la B4 direction Aus. Le projet du jour : atteindre Aussenkehr, au bord du fleuve orange qui marque la frontière avec l’Afrique du Sud, via la C13, la « route panoramique ».

Une vingtaine de kilomètres avant d’atteindre Aus on fait un arrêt pour observer les chevaux sauvages du Namib. Un troupeau d’environ 200 chevaux vit dans le secteur, et quant à leur origine une théorie veut qu’ils seraient des descendants des chevaux abandonnés par l’armée allemande en 1915. On a de la chance, plusieurs dizaines sont au niveau du point d’eau, accessible en voiture à un kilomètre en retrait de la B4.

À Aus, on bifurque vers le sud. Surprise, la C13 est goudronnée jusqu’au village isolé de Rosh Spina, 165 km plus loin, et cette portion de trajet est donc plutôt rapide. Autre surprise, peu après le village et alors qu’il nous reste à peine une centaine de kilomètres à parcourir sur piste, on apprend que la C13 est barrée 30 kilomètres plus loin car le fleuve a débordé, impossible de passer et d’atteindre Aussenkehr (au bord du fleuve) ou Ais-Ais (au niveau du fish river canyon, notre étape suivante). On s’avance quand même de quelques kilomètres pour atteindre la Orange River et apprécier un peu le point de vue.

Ensuite, demi-tour obligatoire, mais jusqu’où pour aujourd’hui ? La seule solution pour atteindre Aussenkehr ou Ais-Ais est de rebrousser chemin et de faire une grande boucle par le nord en repassant par Aus (où on était ce matin !) avant de redescendre par l’est du canyon, pour un total de plus de 500 km pour Ais-Ais, presque 600 pour Aussenkehr. Pas possible de faire toute cette route dans l’après-midi et une possibilité serait de faire étape à Aus pour la nuit. On hésite et on décide de tout changer et d’aller se poser pour la fin de journée à Oranjemund : c’est 90 km plein ouest qu’il faudra refaire en sens inverse demain, donc pas très logique au final, mais au moins on découvrira quelque chose aujourd’hui et on verra le bout du bout de la Namibie. On s’embarque donc sur la MR 118 qui elle aussi longe la Orange river, mais vers l’océan, avec encore plusieurs points de vue impressionnants sur le fleuve qui coupe le désert.

Quant à Oranjemund, que dire ? Une ville minière assez étendue et glauquissime, une sorte d’ensemble de baraquements tristes dans le désert, avec juste le passage de quelques gembocks dans les rues pour égayer un peu l’ambiance (bon, on en a vu un seul, en vrai). On va faire un tour au niveau de l’embouchure du fleuve, mais sous la grisaille c’est bof bof, et après avoir aidé un gars à désensabler sa voiture on se replie à la Oryx Guesthouse où on a élu domicile pour la nuit (Gh très correcte, chambre 1055 N$, repas ultra copieux 207N$), demain il y a de la route !

Fish River Canyon

Une bonne journée de route plus tard nous voilà au niveau du Fish river canyon, et on choisit finalement de s’arrêter vers Hobbas, dans sa partie nord, plutôt qu’à Ais-Ais, au sud (ça fait 70 km sur piste en moins ! Quant à Aussenkehr on a complètement laissé tomber : disons que le plan est, littéralement, tombé à l’eau).

On plante la tente pour deux nuits au camping du Canyon roadhouse (325N$ par personne la nuit), un endroit atypique à la déco ouest américain – route 66, et de là on va découvrir les points de vue sur le canyon depuis le secteur d’Hobbas. Il y en a plusieurs accessibles en voiture : le main viewpoint, puis deux kilomètres plus au nord le hikkers viewpoint (qui est au point de départ de la rando de 5 jours), et puis le sunset viewpoint accessible via une très courte marche. Le paysage est impressionnant, mais on trouve cette visite sous forme de succession de points de vue statiques un peu frustrante, on regrette un peu de ne pas s’être lancé dans la rando de 5 jours au fond du canyon mais malheureusement pour nous ce n’était pas encore la saison, le sentier n’était pas encore ouvert !

Ensuite, il est temps d’amorcer la remontée vers Windhoek, avec une étape dans le Kalahari au Kalahari Anib lodge, qui propose des chambres (chères) et des spots de camping. On peut y faire une rando d’environ 10 kilomètres dans la réserve, c’est rare de pouvoir marcher en Namibie, on en profite donc pour se faire la rando deux jours de suite et le deuxième on croise plein de springboks qui détalent devant nous, pas mal de Gemsboks et même un troupeau de zèbres au galop, c’est un moment vraiment cool. Par contre le lodge abuse sur les game drive (900 N$ par personne !) et il est interdit de circuler avec son propre véhicule… Tant pis, on se rattrapera à Etosha dans quelques étapes !!

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