Vietnam

Hanoï, la Trépidante

Après nos six semaines en Chine , on a donc pris la direction du Vietnam, prêts à attaquer le volet Asie du sud-est de notre voyage. Un bref arrêt « technique » à la frontière, le temps de passer le réveillon du nouvel an malades au fond de notre lit dans un hôtel pourri dans la ville sans intérêt de Lao Cai, et on file vers Hanoï, où on s’installe pour quelques jours.

Et on doit dire qu’on a beaucoup apprécié cette très exotique capitale !

Le quartier des 36 corporations, centre historique de Hanoï

Le cœur historique de Hanoï, c’est l’hyperactif quartier dit « des 36 corporations ». Tant par son architecture que par son activité, ce centre ville agité (et c’est un gros euphémisme) dégage un charme à l’ancienne qui ne nous laisse pas insensibles. Les rues sont bordées de maisons peu élevées (2-3 étages, rarement plus) et étroites (mais construites en profondeur : c’est une architecture « en tube »), à l’alignement irrégulier. Sur leurs façades vieillissantes aux couleurs pastels un peu passées, entre les grappes de câbles électriques, galope une végétation omniprésente : plantes grimpantes escaladant les étages, arbres dont les feuillages s’invitent autour des balcons et colonnettes… Vu des étages, c’est assez saisissant aussi ; de ces maisons dont aucune n’a la même hauteur ni n’est orientée dans la même direction, émerge une forêt de balcons et de toits-terrasses qui s’enchevêtrent joyeusement. Chaque bâtisse abrite un commerce au rez-de-chaussée. Bien souvent, la ou les chambres sont à l’étage, et la pièce du bas, grande ouverte sur l’extérieur, tient lieu à la fois d’arrière-boutique et de salon, dans un mélange des genres étonnant. Sous les yeux des passants, des scènes de la vie quotidienne se jouent derrière le modeste étal installé sur le trottoir : une famille mange au milieu de son stock ; Monsieur se rase tranquillement pendant que Madame vend ses légumes… Le soir, on rentre même les scooters dans le salon !

Les petits trottoirs sont envahis par les étals des échoppes, les vendeurs ambulants et leur équipement incongru, les scooters en stationnement et les terrasses improvisées des cantines de quartiers, qui installent de minuscules tables (très) basses et des tabourets en plastiques sur lesquels on se recroqueville pour manger sa soupe, son riz ou ses fruits de mer. Les trottoirs envahis, la foule des piétons se rabat sur la chaussée, qu’elle partage avec l’imposant cortège de scooters surchargés et avec les cyclo-pousses (à bord desquels des touristes se prélassent pendant qu’un Vietnamien souvent plus tout jeune les promène à la force de ses mollets…), dans une chorégraphie étonnamment fluide et un concert de klaxons. On apprend à circuler au milieu de cette cohue : le truc, c’est de marcher lentement, mais sans s’arrêter, avec une trajectoire régulière : comme par magie, les scooters fusent de tout côté, sans accroc ! Si le quartier est agité et bruyant, il n’en dégage pas moins une forme de sérénité ; c’est visiblement sans stress ni précipitation que chacun vaque à son occupation du moment. Chacun suit son idée, mène sa barque tranquillement (ou son scooter plus exactement !) : l’un cale son vélo sur lequel tiennent on ne sait comment deux ou trois grands plateaux de fruits, l’autre s’installe à même le sol pour faire griller du maïs sur un minuscule barbecue de pierre ; à deux pas, un mec fait la sieste allongé sur son scooter, tandis qu’à côté, quelqu’un transporte une poule (vivante bien sûr mais probablement plus pour longtemps…). Des femmes, chapeau conique sur la tête, transportent des charges parfois impressionnantes avec leur palanche, ce système de portage fondé sur le principe du balancier (deux paniers attachés à une tige centrale en bambou portée sur l’épaule). Il y a quelque chose de fascinant à déambuler au milieu de ce tumulte, ou à se poster à l’étage d’un des nombreux Ca phè pour observer l’animation ambiante. Ce sera notre occupation principale pendant nos quelques jours à Hanoï. S’être logés en plein cœur du  centre historique nous permet d’apprécier quotidiennement ce quartier trépidant, qui peut paraître parfois fait de bric et de broc mais d’où émerge une réelle harmonie.

Au delà du centre historique

A la limite sud du quartier des 36 corporations, le lac Hoàn Kiêm, bordé de flamboyants (grands arbres aux branches tombantes) est agréable. On y trouve en outre le petit temple « Montagne de Jade », auquel on accède par un joli pont dit « du Soleil Levant ».


En fin d’après midi, les couples de jeunes mariés s’y pressent en tenue d’apparat pour de kitchissimes séances photos.C’est aussi là que, comme en Chine, on se fait alpaguer par des groupes d’enfants qui, cahiers en mains, ont pour consigne de pratiquer leur anglais avec les étrangers ; c’est très synchro, 5 petites voix récitent en cœur quelques phrases clés, à commencer par l’inévitable « excuse me, would you mind talking with me ? ». Comment dire non ? Et c’est parti pour l’interrogatoire en règle : « quel est ton sport préféré ? », « quelle est ta couleur préférée ? », etc.Lorsqu’on débouche du quartier des 36 corporations par le nord-est, on tombe sur le pont Long Bièn, qui enjambe le fleuve rouge. En l’empruntant, on découvre, en bordure immédiate de la ville, des zones cultivées et verdoyantes. Assez délabré, il est ouvert à la circulation des trains, des deux roues et des piétons.

Proche du lac, la cathédrale, qu’on a trouvée moche comme tout, trône comme une verrue au milieu d’une place quant à elle pas désagréable, bordée de maisons aux façades colorées.

Le musée de la révolution est une visite qui vaut le coup. Une collection de nombreuses photos et documents (outre des objets moins intéressants) retrace les grandes lignes de l’invasion et l’occupation française, dont les crimes sont affichés sans concession, avant d’aborder le mouvement révolutionnaire depuis ses origines jusqu’à son succès, en lien avec la formation du Parti Communiste Vietnamien et le parcours de Ho Chi Minh. Une dernière partie aborde rapidement la guerre américaine (un musée plus complet y est consacré à Ho Chi Minh ville). L’exposition est assez austère, mais vraiment intéressante. Enfin et surtout, à l’écart du centre ville se trouve le Temple de la littérature. C’est un édifice qui n’a pas une vocation religieuse ; contrairement aux pagodes, le temple n’est pas consacré à une divinité, mais à une personnalité historique. En l’occurrence, celui-ci est consacré à Confucius et à son enseignement. Plus qu’un temple, il s’agit en fait de la plus vieille université du Vietnam. Dès le XIe siècle, plutôt avant-gardiste, l’établissement accueillait et formait des élèves de toutes origines sociales, sélectionnés sur concours, et destinés à devenir les hauts fonctionnaires du royaume. Dans cette vaste enceinte se mêlent donc bâtiment dédiés aux enseignements et lieux de culte dédiés à la « divinité » Littérature. Plusieurs cours successives abritent d’agréables jardins et de petits pavillons aux noms amusants : « Porte de la réalisation du Talent », « Porte de la Magnificence des Lettres », etc. Dans la cour du « Puits de la Clarté Céleste » on peut aussi admirer, gravées sur des stèles de pierres, les listes des diplômés (appelés « docteurs ») depuis les années 1400… Le Savoir et l’Enseignement érigés en culte… De quoi faire une entorse à son athéisme !

L’omniprésent Scooter

Le scooter est omniprésent dans les rues d’Hanoï. Il en fuse de partout, avec à bord jusqu’à 4 personnes. Des familles entières circulent ensemble : Monsieur au volant, avec un gamin devant lui, debout sur la plateforme du scooter et calé entre ses bras, Madame à l’arrière et un 2e gamin en sandwich entre les deux…

Mais le scooter est bien plus qu’un moyen de transport… En fait, c’est fou toutes les utilisations qui peuvent en être faites…

Le hamac c'est has been, moi pour ma sieste j'ai mon scooter
Le hamac c’est has been, moi pour ma sieste j’ai mon scooter

Se déplacer dans Hanoï

Pour se déplacer dans l’hyper-centre d’Hanoï, il existe plusieurs solutions (plus ou moins mauvaises !).

On peut emprunter une moto-taxi. Y’en a partout, c’est pas cher… mais faut vraiment pas avoir peur de prendre les routes à contresens, les trottoirs si les routes sont encombrées et surtout de slalomer allègrement entre les obstacles.

Il y a aussi la possibilité de prendre le bus… mais bon vu les bouchons faut vraiment vraiment vraiment pas être pressé !

Autre solution, le taxi, là aussi il y en a partout et c’est pas cher… du moins en théorie ! On a appris à nos dépens que les faux-compteur à Hanoï ce n’est pas une rumeur et qu’en effet les « kilomètres » peuvent défiler vraiment très vite. Sur le coup c’est pas évident de s’en rendre compte mais quand on a été vraiment certains de l’arnaque on a dit au chauffeur de s’arrêter et on est sortis. 6 euros au lieu de 2, on a limité la casse mais ça énerve un petit peu !

Enfin, LA solution qui présente le moins d’inconvénients et qui reste bien sûr la meilleure pour découvrir une ville sous toutes ses coutures : les pieds !

Hôtels à Hanoï ou pourquoi faire simple quand on peut faire compliqué ?

On peut dire qu’on a une certaine expertise puisqu’en cinq nuits, ça n’est pas un, ni deux, mais trois hôtels du centre historique qu’on aura expérimentés.

On s’explique ! On arrive à Hanoï sans avoir rien réservé, et l’AJ qu’on avait repérée en centre ville est complète. On est le 1er janvier… En fait, tout est complet. On se retrouve, encore un peu malades avec nos 20 kgs sur le dos, à essayer tous les hôtels (heureusement qu’il y en a partout), et c’est après une bonne quinzaine d’échecs qu’on en trouve un, le Queen Travel Hotel. Il est vraiment très bien, super chambre spacieuse avec SDB et petit balcon, propre, calme, et tout (d’ailleurs il est mentionné de façon élogieuse dans le guide du routard), mais la chambre est à 40$ la nuit, ce qui dans l’absolu n’est pas volé, mais n’en est pas moins très excessif pour notre budget de backpackers. On y reste donc deux nuits seulement, le temps que de la place se libère dans l’AJ qu’on visait, où le lit double en dortoir est à 11$ la nuit.

Deuxième étape, donc, la Vietnam Backpackers Hostel Downtown, ou plutôt… l’AJ de l’horreur ! En fait c’est une boite de nuit avec des dortoirs au dessus, impossible de dormir et le top c’est quand ton voisin de dortoir rentre tout bourré et vomit dans son lit… Autant dire qu’on a fui dès le lendemain matin !

Pour notre 3ème étape hôtelière, on repère quelques hôtels, on en visite deux et notre choix se porte sur le Camellia Hotel 6, quelques centaines de mètres plus loin. On se retrouve avec une chambre très bien, agrémentée d’un grand balcon sur une ruelle assez calme, négociée à 20$ la nuit… Cette fois c’est bon ! Ce petit hôtel agréable sera notre dernier point de chute pour poursuivre notre découverte de la ville !

On quitte Hanoï après 5 jours vraiment cool. Avec le recul, on se dit d’ailleurs qu’on aurait dû rester un peu plus, cette ville agréable vaut qu’on s’y attarde.

Oui, mais… on entendait déjà l’appel de la Baie d’Halong !!

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