Rando en Martinique : l’ascension de la Montagne Pelée
La Martinique, ses plages, sa végétation, son rhum… et sa Montagne ! Sa silhouette domine gracieusement tout le nord de l’île et est incontournable dans le paysage. Ce volcan, encore actif et heureusement aujourd’hui très surveillé, qui a joué un rôle si tragique dans l’histoire locale, avec la destruction de Saint Pierre en 1902, est désormais surtout l’une des principales randos de l’île, et quelle rando ! C’est une petite épreuve physique, mais surtout une belle balade et une super satisfaction une fois en haut. Alors, envie de vous éloigner des plages et de prendre un peu de hauteur (1397 mètres, exactement) ? C’est partie pour l’ascension de la Montagne Pelée !
Il y a deux temps dans l’ascension : une partie qui mène à la caldeira (c’est plus ou moins l’ancien cratère), où on peut accéder au bord de la falaise, et une seconde partie qui consiste à grimper en haut du dôme qui s’est formé suite aux éruptions de 1902 et de 1929, qui se trouve dans la caldeira (en gros il y a un volcan dans le volcan).
Pour la caldeira, il y a 3 chemins, et on va commencer en vous parlant du plus fréquenté, celui « de l’aileron », au sud (le deuxième part de Grand’Savane au niveau du Prêcheur, à l’ouest, on en parle plus loin dans ce post, et le troisième part du nord-est vers Grand’Rivière mais celui-là on ne l’a pas testé).
L’ascension de la Montagne Pelée par l’aileron
L’ascension par l’aileron débute au-dessus du village de Morne Rouge. On laisse sa voiture sur un parking au niveau du 1er refuge, à 820 mètres d’altitude. D’ici, les vues sur la montagne et sur la Martinique jusqu’aux pitons du carbet sont déjà magnifiques, et même pour ceux qui ne se sentent pas l’énergie de grimper, le point de vue depuis ce point de départ vaut déjà largement le déplacement, par exemple en arrivant de Balata par la route de la trace (en plus il y a un petit snack très bien).
L’ascension de l’Aileron se fait le long d’un sentier bien tracé, avec des portions rocheuses. Rien d’infaisable et on peut voir des familles s’attaquer à cette montée, mais la première partie grimpe quand même bien raide, souvent dans les rochers, il faut parfois s’aider des mains.
Après une bonne grimpette, on arrive sur une portion plus calme : on est sur une crête avec une alternance de faux plats, de légères redescentes et de petites remontées.
Il faut environ 1h15 pour atteindre la Caldeira (et le « 2e refuge » ; c’est une ruine mais il sert de point de repère. C’est là aussi qu’arrive le sentier de Grand rivière – Macouba). Beaucoup de gens s’arrêtent là. Il faut dire que déjà cette partie de la rando offre des très beaux panoramas, vers l’est sur la côte nord – atlantique (jusqu’à la presqu’ile de la Caravelle), vers le sud sur Morne Rouge et les collines jusqu’aux Pitons du Carbet, et même déjà un peu vers la côte Caraïbes à l’ouest.
Pour ceux qui en veulent plus il est possible de se promener le long de la crête jusqu’au côté opposé : le sentier forme un demi-cercle et permet de rejoindre le versant ouest. C’est une balade facile, d’un peu plus d’une heure aller-retour, le sentier est globalement plat (sauf côté Caraïbes où il y a un peu de dénivelé, mais rien de méchant), et la vue sur la mer des Caraïbes, jusqu’à la baie de Saint Pierre, est incroyable.
Sinon, pour continuer l’ascension jusqu’en haut, il y a deux options. Soit on monte tout de suite le long du dôme par le sentier en face de l’aileron, soit on fait le tour de la Caldeira (30-40 minutes) pour monter par le versant ouest (côté Caraïbes, au-dessus de Grand Savane).
La première option est la plus directe vu qu’on débouche juste en face du sentier, mais aussi la plus dure (côté ouest le sentier est moins raide, et part de moins bas car on ne descend pas dans le cratère avant, la caldeira rejoint le flanc du dôme).
Lors de nos 2 ascensions par l’aileron on a opté pour cette première option plus directe (la première fois, avec la météo horrible on ne voyait pas vraiment ce qu’on faisait, et la deuxième fois on s’est dit que si on l’avait déjà fait on devrait pouvoir recommencer !). Le sentier est assez difficile, ultra raide sans un seul lacet pour adoucir la pente, même pas le moindre zig-zag. Sans être vraiment de l’escalade, les mains sont bien mobilisées, à la fois pour se hisser et pour se stabiliser, car les rafales de vent peuvent souffler super fort ici ! En plus, avant de commencer l’ascension il faut commencer par… descendre dans le cratère : c’est une descente assez courte mais très raide (avec même une petite échelle en bois à un moment), on doit perdre une centaine de mètres de dénivelé ce qui fait un peu mal au moral vu que… il faut ensuite les remonter de l’autre côté !
Les conditions climatiques ajoutent à la difficulté : à cette hauteur la montagne est la plupart du temps prise dans les nuages, et on a un peu l’impression d’être au cœur d’un brumisateur : on avance donc avec peu de visibilité, en plein vent, et dans une atmosphère humide. Heureusement, il y a par moment de rapides éclaircies qui permettent de se réchauffer !
C’est donc avec un certain soulagement qu’on arrive, environ 45 minutes plus tard, au sommet du dôme de 1902 (à 1364 m d’altitude)
Le sentier redescend ensuite un peu vers le 3e refuge (une ruine lui aussi) qu’on rejoint en quelques minutes de plus.
Depuis le 3e refuge, il reste une dernière portion à grimper, pendant environ 20 minutes, pour arriver vraiment tout en haut, au niveau du sommet « du Chinois », à 1397 mètres d’altitude (il faut faire une première ascension, puis on atteint une sorte de plateau rocheux où il peut y avoir beaucoup de vent. Là il faut un peu redescendre par un sentier sur la gauche du promontoire rocheux et remonter en face : on arrive enfin au sommet du Chinois !).
De là-haut, si on a de la chance et que le sommet est dégagé (ce qui arrive 45 jours par an a priori), on a apparemment une vue d’ensemble sur la moitié de la Martinique. On dit « apparemment », car en ce qui nous concerne, en 3 ascensions on n’a jamais eu la chance que le sommet se dégage !
Pour le retour, on redescend au niveau du 3e refuge, puis on choisit son chemin, retour direct vers le 2e refuge (c’est-à-dire en revenant sur ses pas), ou cap à l’ouest pour passer par la caldeira. Pour faire « la totale », on peut donc prendre une option à l’aller et l’autre au retour, ce qui donne : montée de l’aileron jusqu’au 2e refuge, puis montée du dôme vers le 3e refuge, allez – retour au Chinois, redescente par le flanc ouest (côté mer des Caraïbes), tour de la caldeira pour revenir au 2e refuge et redescente de l’aileron (avec deux voitures on peut aussi parfaitement redescendre vers Grand Savane ou Macouba – Grand’Rivière), au total environ 5h de marche, plus les pauses éventuelles.
L’ascension de la Montagne Pelée par Grand’Savane (et le sentier Martineaud)
Pour varier les plaisirs, on peut aussi choisir de faire l’ascension par Grand’Savane, côté mer des Caraïbes. Le parking qui marque le point de départ se trouve à environ 700 mètres d’altitude, et le sentier attaque tout de suite la montée vers la caldeira, 400 mètres plus haut, en traversant Grand’Savane, une zone de végétation basse (compter environ 1h). Ce versant pour l’ascension jusqu’à la caldeira est plus facile que du côté de l’aileron, la montée est beaucoup plus progressive. Ensuite pour la partie Caldeira – 3e refuge, là par contre c’est bien raide, mais pas plus que de l’autre côté et finalement la montée est assez courte, 1/2h max (en gros on souffre, mais pas longtemps !).
Par ce côté-là, on peut aussi décider d’en rajouter une couche pour que la fête soit complète, en passant par le sentier Martineaud qui part du village du Prêcheur, c’est-à-dire… du niveau de la mer ! Alors oui ça rajoute du dénivelé, mais surtout beaucoup de kiff pour le côté défi, puisqu’en connectant ce sentier Martineaud au sentier de Grand’Savane, on se fait donc l’ascension complète, de 0 à 1400 mètres d’une traite !
Le vrai point de départ du sentier Martineaud se trouve dans le centre du village, le long de la route principale, mais le premier kilomètre n’a vraiment aucun intérêt, puisqu’il s’agit de marcher sur la route au milieu d’un lotissement. On peut donc sans regret faire ce kilomètre en voiture, et se garer un peu plus loin, là où il y a une fourche et où la route devient une piste (attention le panneau indicateur a disparu mais il faut commencer la marche en prenant à gauche, la piste qui monte). La piste devient vite un sentier, sur une crête étroite (moins d’un mètre de large la plupart du temps) dans la végétation sèche qui domine les champs. Sans surprise, vu qu’il y a 800 mètres de dénivelé à se faire en moins de 6 kilomètres, ça grimpe dur, tout le temps ou presque.
La récompense, ce sont les beaux points de vue tout au long de la montée et plus encore à l’approche de l’arrivée à Grand’Savane, sur la mer des Caraïbes, les mornes alentours, et la Montagne Pelée en face.
Après deux heures de marche, c’est la jonction avec le sentier de la Montagne Pelée, et le début de la montée vers la caldeira.
Au final, pour l’aller-retour complet Prêcheur – Chinois – Prêcheur via Grand’Savane, ce qui représente une distance de 15,5 km et un dénivelé positif de plus de 1400 mètres, il nous aura fallu 6h30 + la pause pique-nique (sachant que Nico s’est fait tout seul la dernière partie Caldeira – Chinois et retour en 1h en mode bourrin, et que sur un rythme raisonnable il faut compter plutôt 1h30 minimum).
La météo sur la Montagne Pelée, c’est toute une histoire !
Quel que soit le chemin choisi, il faut être conscient que la météo sur la Montagne Pelée est capricieuse et qu’il ne faut pas forcément s’attendre à une belle balade sous le soleil, c’est loin d’être acquis !
La Montagne est absolument à éviter s’il pleut (question de sécurité : il faut bien se renseigner avant de partir), mais même sans pluie, le risque de monter en étant pris dans les nuages et en ne voyant pas grand-chose est assez élevé. Bref, il faut accepter l’aléa et s’en remettre à la chance.
Notre première ascension a été de ce point de vue assez catastrophique : on a fait toute la montée en plein nuage, et ce dès le départ, dans l’humidité et les rafales de vents très fortes, c’est la première fois qu’on a eu froid en Martinique. Arrivée à l’approche du Chinois le vent était tellement fort que les lunettes de Nico se sont envolées, c’est assez miraculeux qu’on ait pu les récupérer un mètre plus loin, on a assez vite battu en retraite. L’ambiance était un peu en mode film catastrophe, on était un peu déçu de ne rien voir, et en même temps il y avait un petit côté aventure plutôt sympa (personne sur la montagne, juste nous dans les nuages !).
La situation s’était quand même bien arrangée pendant notre redescente et on avait finalement pu avoir de beaux points de vue sur le sud de l’île. D’ailleurs ça s’est arrangé à tel point qu’une fois rendus tout en bas, on a pu constater que le dôme était… totalement dégagé ! On a raté le coup parfait à 2-3h prêt ! Et dire qu’on s’était fait violence pour se lever super tôt parce que soi-disant, le temps est meilleur au sommet tôt le matin ! Comme quoi la météo en Martinique, c’est une science inexacte !
Les deux fois suivantes, c’était plutôt mieux (pas difficile, en même temps !), mais on n’a quand même jamais eu la vue dégagée depuis le Dôme… Il faudra monter une 4e fois !