Mexique – Chiapas : San Cristobal de Las Casas et ses environs

Arrivés dans le Chiapas en provenance de Bacalar avec un stop à Palenque et Ocosingo, on a décidé de se poser un moment à San Cristobal de las Casas, une ville perchée dans les montagnes à 2200 mètres d’altitude, qui n’est pas la capitale de l’Etat, mais qui en est sans aucun doute la ville la plus agréable.

En tout cas, en ce qui nous concerne on n’a trouvé que des qualités à « San Cris » : le centre historique est super beau, il y a plein de choses à faire, l’ambiance est décontractée, et le climat est idéal grâce à l’altitude, c’est-à-dire frais et en même temps avec un ciel clair et un beau soleil (en tout cas en février – mars, après il y a aussi une saison des pluies, où il peut faire plus froid et il n’y pas de chauffage dans les maisons !).

Autre qualité, dans cette ville à l’histoire compliquée (c’est l’une des premières villes fondées par les colons espagnols, en 1528, et elle a été renommée lors de l’indépendance pour se référer à Bartolomé de las Casas, le défenseur des indiens), il y a aujourd’hui beaucoup de mixité. Le Chiapas est un état multi-culturel avec une identité indienne forte : l’Etat (qui était rattaché au Guatemala à l’époque espagnole), reconnaît officiellement 13 communautés autochtones (notamment des indiens Tzotziles, Tzezales… : 20% des habitants du Chiapas sont d’origine indienne, pour la plupart descendants des Mayas), et à San Cristobal on entend souvent parler d’autres langues que l’espagnol ! C’est aussi une ville internationale : il y a ici plein de voyageurs de diverses nationalités qui ont tendances à s’attarder ou à franchement s’installer. Le résultat est une ville où se mêlent traditions, modernité et diversité. 

Bref, on a adoré le style et l’ambiance de la ville, à tous points de vue, et on n’a pas vu filer le mois et demi qu’on a passé ici, avec, au passage, notre première (super) expérience de coliving, dont on parle plus loin dans ce post.  

Le centre historique de San Cristobal de Las Casas

Pour découvrir le centre historique de San Cristobal, le mieux est de se balader encore et encore au hasard en se perdant dans ses rues, on ne s’en est jamais lassé ! On peut aussi opter pour le Free walking tour qui part tous les jours de la place de la cathédrale (à 10h et 16h, en espagnol ou en anglais). On l’a fait sur la fin et on a trouvé intéressant de (re)découvrir le centre pendant 3h avec quelqu’un du coin.

Au fil des balades en ville, on découvre un centre composé de maisons basses (un étage maximum, souvent aucun) aux façades colorées et aux toits en tuile, et de rues pavées étroites qui dessinent des perspectives vers les montagnes, qui ont un vrai style et qui sont pleines de charme. On y voit passer les incontournables coccinelles qui se fondent parfaitement dans le décor ! Une particularité : les trottoirs sont très hauts (à cause des pluies) et vraiment casse-gueule. On nous a dit qu’il y a d’ailleurs un proverbe local qui affirme que tant que tu n’es pas tombé, tu n’as pas vraiment vécu San Cristobal (NB : on a donc « vécu » San Cristrobal !).

Les rues sont très « soignées » dans le centro historico et le barrio Guadalupe, d’autant plus qu’on s’approche du Zocalo, la place centrale bordée par la cathédrale et le Palacio municipal, qui s’anime le soir au son des concerts de xylophone, l’instrument typique de la région. Le summum est atteint avec les deux grands axes piétons, la Real de Guadelupe et sa perpendiculaire l’andador carmen – Santo Domingo (divisé en deux rues, les calle Miguel Hidalgo et 20 de Noviembre). Ces deux-là ont un côté « rues parfaites », totalement restaurées et du coup très jolies, très touristiques aussi (on y trouve une succession de restaus, bars, boutiques de souvenirs et d’artisanat).

En bas de la calle Miguel Hidalgo, on peut passer par l’arco del carmen, une sorte de tour qui ne se visite pas mais qui est l’ancienne porte principale de la ville et qui présente un style arabe espagnol. Juste à côté, le centro cultural del Carmen occupe lui aussi un ancien cloître très agréable.

Rapidement en s’éloignant du centre, les rues prennent un côté plus imparfait, mais restent pleines de charme. On a aimé le Barrio Mexicanos (celui de notre coliving), un quartier résidentiel calme.

Du Barrio Mexicano, on est à deux pas du mercado viejo, populaire et très animé. C’est un marché énorme, on y trouve de tout, et il y a toujours beaucoup d’agitation.

Un autre quartier qui nous a bien plus c’est le barrio del Cerrillo, qui occupe une petite colline comme son nom l’indique, avec de jolies rues et des vues plongeantes sur la ville, et des belles fresques murales.

La visite de la ville donne de nombreuses occasions de se souvenir que le Chiapas est un Etat de luttes sociales, le mouvement zapatiste pour les droits des minorités indigènes est encore bien vivant (On avait d’ailleurs expérimenté le passage d’un barrage sur la route entre Ocosingo et San Cristobal : rien de foufou, juste un barrage filtrant passé sans problème, mais les blocages peuvent se durcir selon les circonstances). Et dans un autre registre, le 8 mars on a pu constater qu’il y a des vraies militantes des droits des femmes dans le Chiapas !

Les principaux monuments et sites à voir à San Cristobal de Las Casas

Côté monuments, à San Cristobal il y a déjà pas mal d’églises, en commençant bien sûr par la cathédrale, sur un côté du Zocalo. Depuis un séisme en 2017 elle n’est pas souvent ouverte, mais de toute façon l’intérieur a peu d’intérêt, c’est surtout de l’extérieur, avec sa façade jaune, qu’elle vaut le coup d’œil. Sur le parvis, il y a un night market tous les soirs, avec des petits stands d’artisanats et de souvenirs. Et juste derrière la cathédrale, donnant aussi sur le Zocalo, il y a une autre église, plus petite mais exactement dans le même style, l’église Saint Nicolas, qu’on n’a pas pu visiter et qu’on a seulement admiré de l’extérieur.

Un peu plus haut, on trouve l’église Santo Domingo, avec une façade baroque ciselée, elle aussi derrière un marché d’artisanat, et qui se visite.

De l’autre côté du centre-ville, l’église de la Guadalupe est un incontournable, surtout pour la vue sur la ville. Quand on y est allé il y avait un groupe d’ados en train de danser sur une sorte de pop-rock catho avec un « animateur » qui chauffait l’ambiance à coups de « quand je dis allé », vous dites « Luïa, « Allé… luia », on s’est bien marré. Et dans les environs il y a plusieurs bars-restau avec des terrasses parfaites pour la vue au coucher de soleil !

Enfin, à l’ouest du centre-ville, San Cristobalito est une église qu’on n’a pu voir que de l’extérieur, mais qui elle aussi est surtout intéressante pour son cadre, puisqu’elle est perchée sur une colline qui domine le centre-ville, à laquelle on accède par une bonne volée de marches.

Bon, ça fait beaucoup d’églises, mais il y a aussi des musées ! Le museo de los Altos de Chiapas, installé dans l’ancien couvent Santo Domingo, c’est deux en un : un petit musée d’histoire au rez-de-chaussée, et surtout un musée des textiles mayas à l’étage. Le but est la préservation et la diffusion des textiles traditionnels Mayas, toujours portés aujourd’hui par les communautés indigènes qui revendiquent une identité indienne et une ascendance Maya. Des centaines de pièces ont été réunies, certaines datant du début du 20^e Siècle, d’autres très récentes dans le but d’avoir un panorama complet. Pour les deux musées il faut compter environ 1h de visite.

Le musée Na Bolom, à la limite des barrio del cerillo et de la Guadalupe, est aussi une visite intéressante. C’est un institut d’histoire et de préservation des cultures indiennes, en particulier des Lacandons (un peuple de la forêt du Chiapas), créé par des archéologues dans les années 50 et installé dans un ancien manoir. Il y a une petite section musée et une bibliothèque, et l’endroit est très joli (on conseille de regarder le film introductif qui dure 15 minutes avant la visite).

Dans un autre registre, on a bien aimé la visite du musée de l’ambre : le Chiapas détient le troisième gisement d’ambre au monde, il y en a différentes variétés (une trentaine de couleurs) et l’ambre était déjà une monnaie d’échange à l’époque maya. Le musée est installé dans un ancien couvent restauré, il propose une exposition de morceaux d’ambre brut, certains avec des insectes fossilisés à l’intérieur, et de bijoux ou objets sculptés. On apprend aussi comment différencier l’ambre des imitations en verre ou en plastique, donc la visite est conseillée avant de faire son shopping ! La visite est assez rapide (45 mn environ, billet 40 pesos).

Et puis en s’éloignant un peu du centre, on peut prendre l’air en allant se balader dans l’un ou l’autre des parcs des environs.

Dans le Parque Moxviquil, juste au nord de la ville, on peut aller voir la section jardin botanique consacré essentiellement aux orchidées, avec deux serres reconstituant l’une un climat tropical, l’autre un climat tempéré (pas ouf quand on est venu, mars n’est sûrement pas la meilleure période de floraison), ou aussi faire une rando de deux heures sur un sentier dans la pinède à flanc de montagne (ça on ne l’a pas fait).

De l’autre côté de la ville, au sud, on est allé dans le Parque Montetik, qu’on a choisi en remplacement du Cerro Don Lauro, qui malheureusement était considéré comme trop dangereux lors de notre passage (il y a eu plusieurs cas de vol avec arme, donc l’endroit était déconseillé). Montetik, lui, est un parc national et il n’y a pas de problème. Il y a plusieurs sentiers dans la forêt, puis une possibilité de monter sur 2 kilomètres vers un mirador pour une très belle vue sur la vallée (mais pas sur la ville). On y est allé en journée, mais un groupe de notre coliving y est allé pour le lever du soleil (beaucoup trop tôt pour nous !!) et a adoré.

Et à l’est de la ville, à environ 20 minutes de colectivo, on est allé faire un tour au parque Arcotete. On est seulement à quelques kilomètres de San Cristobal, mais déjà on se sent loin de la ville, dans la pinède et en pleine montagne, l’environnement est cool. Il n’y a pas vraiment de randos possibles (on s’est un peu plantés sur ce coup-là), c’est plutôt un petit parc, avec quelques sentiers pour rejoindre les points d’intérêts : des points de vue, et surtout l’énorme grotte en plein milieu, qui enjambe le rio. On a de quoi se balader 1h-1h30. En option, il y a différentes activités possibles (zipline, rappel, bateau), et le dimanche beaucoup de gens viennent y pique-niquer.

Découverte du coliving et vie quotidienne à San Cristobal de Las Casas

Comme on le disait au début de ce post, c’est à San Cristobal qu’on a découvert la vie en coliving, un mode d’hébergement qu’on n’avait encore jamais pu tester, vu qu’il n’est pas trop développé dans les Caraïbes, où on s’était pas mal attardés avant d’arriver au Mexique.

C’est quoi le coliving ? On le définirait bien comme un concept à mi-chemin entre l’auberge de jeunesse et la colocation : c’est un endroit cool, où un effort est fait sur des espaces communs chaleureux (salon, jardin, etc, cuisine évidemment), et où il y a un espace de coworking (avec un super wifi), puisque le coliving s’adresse surtout aux gens qui travaillent en voyageant. Forcément, quand tu travailles tu voyages plus lentement, et du coup le coliving c’est aussi un endroit où tu restes plus longtemps : ici peu de gens restaient moins de 2 semaines, la plupart plutôt un mois ou plus. Ca se ressent sur l’ambiance, on a le temps de faire vraiment connaissance tout en menant sa vie quotidienne et en visitant tranquillement.

Et pour une première expérience, on peut dire que ce « Co.404 » de San Cristobal a mis la barre très haut ! Que ce soit au niveau des installations ou de l’ambiance, l’endroit est top et on s’y est sentis super bien ! C’est assez spécial de se retrouver pendant 6 semaines au milieu de 20-25 personnes de toutes nationalités qui forment un vrai melting-pot !

Il y a des profils très différents, déjà au niveau des métiers : sans surprise, on trouve pas mal de gens qui travaillent dans l’informatique, mais aussi beaucoup d’autres avec des métiers plus « traditionnels » (on a rencontré un psy américain, une nutritionniste allemande, une prof particulière québécoise, assurant leurs séances en visio, un comptable néo-zélandais, etc), et puis aussi des métiers plus atypiques (un gars qui participait à l’écriture de scénario pour une web-série sur youtube, une fille qui écrit des discours pour des politiques ou des chefs d’entreprise, une « tarologue»…). Certains sont indépendants, d’autres sont salariés, certains voyagent sur le long terme, d’autres sur des périodes de 1, 2, 3 mois selon ce qu’ils ont pu négocier avec leur patron, avant de rentrer chez eux et de recommencer plus ou moins rapidement. Bref il y a tous les profils !

On a trouvé que l’équilibre travail – détente, et aussi celui entre vie en groupe et vie personnelle, était parfait. En gros, les gens bossent en semaine et le coliving reste en général calme, c’est clairement pas un party-hostel, mais il y a aussi eu pas mal de soirées et de sorties, en groupes plus ou moins importants auquel tu te joins si tu veux.  On est assez nombreux pour qu’il y ait aussi toujours quelqu’un pour proposer une visite, un restau, ou tout simplement un jeu de carte dans le jardin, sans pressions et sans que ça devienne non plus la colonie de vacances. Et au fil de nos 6 semaines on a rencontré des gens supers et on s’est fait pas mal de nouveaux potes à retrouver un peu partout autour du monde !

Au-delà du coliving, San Cristobal de Las Casas est une ville qui se prête vraiment bien à un arrêt prolongé : une fois visités les monuments et les environs, la vie quotidienne y est agréable et on ne s’y ennuie jamais. Pas étonnant que beaucoup s’y échouent pour bien plus longtemps que prévu !

 En six semaines, on aura eu le temps d’avoir quelques activités au-delà des visites purement touristiques.  Célia s’est inscrite à des cours de dessins dans le superbe centre culturel del Carmen (où il y a aussi plein de cours de danse, de musique, etc), on a profité des bars de la ville pour aller danser la bachata et le reggaeton, on s’est intéressés à l’artisanat du Chiapas : l’ambre (qui réagit à la lumière ultra-violette, pratique pour la distinguer du plastique !), le cacao (qui se boit avec de l’eau, pas avec du lait ! Et qui est à la base d’une sauce traditionnelle, le Mole), les tissus (tissés à la main dans les communautés, selon les méthodes pré hispaniques), ou encore le pox (un alcool de maïs, plus ou moins considéré comme un médicament !).

Nos balades nous ont aussi permis de faire des rencontres intéressantes. La première était assez inattendue, on était allé faire un tour à l’intérieur de l’université, rue Hidalgo ; ça n’est pas vraiment un site touristique, mais le bâtiment est joli, avec sa cour à arcades. Une fois à l’intérieur on a été tout de suite abordé par un prof de droit pénal qui nous a fait une demi-heure de cour improvisé sur l’histoire du Chiapas, les communautés autochtones, nous a expliqué que le problème du Mexique c’était le capitalisme sauvage (progressiste le prof de droit 😊 !), et nous a détaillé une à une les fresques qui décorent la fac ! Quand on a finit par s’excuser de le mettre en retard, parce que quand même ses étudiants l’attendaient, il nous a dit « oh, vous savez, au Mexique le temps c’est quelque chose de personnel » (on confirme…!)

On est aussi allés faire un tour à l’alliance française pour y revoir Alex, un mexicain prof de français qu’on avait croisé à Tonina. Du coup il nous a incrusté dans son cours : au programme, le passé composé, youhou !

On se balade d’autant plus facilement que le centre-ville est très sûr, et on n’a eu aucun problème en 1,5 mois, de jour comme de nuit. Bon, il faut nuancer quand même, certains coins doivent être évités (on le disait plus haut pour le cerro Don Lauro), et puis 2 semaines après notre départ on a su par nos copains du coliving et par les journaux que pendant toute une journée tout le monde a dû se confiner à cause d’une fusillade entre gangs dans le centre, avec intervention de l’armée et tout ! Donc des fois ça ne rigole pas, mais heureusement ce genre de situation reste très ponctuel !

Dans les environs de San Cristobal de Las Casas : le village de San Juan Chamula

A proximité de San Cristobal, il y a différents villages indiens, dont celui de San Juan Chamula, à 30 minutes de route environ et facilement accessible en colectivo. C’est un village Tzotzil où les traditions indiennes sont encore très présentes, organisé en communauté avec une forte autonomie, autogérée sur le plan politique et religieux notamment.

On y est allé un dimanche, jour de marché, où les gens viennent nombreux des environs, encore plus en cette période de carnaval. Entre les stands du marché et les défilés du carnaval, le village était bondé, avec des gens habillés de costumes traditionnels (des vêtements en poil de moutons typiques d’ici, tout noir ou tout blanc) et d’autres en costume de carnaval multicolores.

Après un tour au marché, on est allé visiter l’église, qui est déjà atypique de l’extérieur. A l’intérieur, il y a un cérémoniel très particulier, auquel on n’a clairement pas tout compris : les gens sont assis par familles ou petits groupes à même le sol, qui a été recouvert d’épines de pin, et ils allument des centaines de bougies qu’ils rallument dès qu’elles s’éteignent et de bâtons d’encens qu’ils collent au sol, ce qui donne une atmosphère très enfumée. En fait chacun fait sa petite cérémonie et s’en va, sans rituel collectif. La décoration de l’église aussi est particulière, avec des grands tissus tendus sous le plafond et des grands bouquets de fleurs de tournesol disposés un peu partout. C’est l’habillement des gens qui est aussi assez spectaculaire pour nous, les costumes de cérémonies sont de sorties et on reconnait des styles vus au musée des textiles mayas, qui ont traversé les siècles depuis l’époque pré-hispanique.

A l’intérieur, les photos sont totalement interdites (NB : on a trouvé sur internet une photo issue du reportage d’un journal pour vous donner une idée de l’intérieur ), et on est parti quand on a trouvé qu’on commençait à être trop de touristes (dont des groupes avec guides) et qu’on s’est demandé si notre intérêt pour les gens et leurs pratiques n’allait pas commencer à devenir trop voyeuriste.  Une question pas facile à résoudre ! 

Enfin, depuis San Cristobal, on peut aussi aller découvrir à la journée l’impressionnant canyon del Sumidero, ou aussi, sur plusieurs jours, les cascades d’El Chiflon et les lagunas de Montebello, des sites naturels superbes auxquels on a consacré des posts spécifiques.

Bref, à San Cristobal et sa région, il y a de quoi faire !