Guatémala,  Rando dans le monde

Guatemala : l’ascension de l’Acatanengo en autonomie

L’ouest du Guatemala est décidément riche en merveilles : après la magnifique ville d’Antigua et le majestueux lac Atitlan, un autre incontournable de la région c’est bien sûr l’ascension du volcan Acatenengo ! Au programme : grimper en haut d’un volcan, dans le but… d’observer les éruptions d’un deuxième volcan qui se trouve juste en face, le bien nommé El Fuego !

Cette rando on l’a faite sur deux jours et en autonomie (mais toutes les agences d’Antigua la proposent pour ceux qui n’ont pas le matériel ou qui préfèrent partir en groupe), et ça se fait très bien à condition de partir avec une appli type Maps.me, le matériel de camping et des vêtements bien chaud (montagne). C’est un parcours qu’on peut considérer comme difficile, en raison de l’altitude et du dénivelé (on commence à 2400 m et on finit à 4000 m), mais rien d’infaisable non plus si on est normalement en forme et si on a l’habitude de marcher.

On vous raconte tout ça dans la suite de ce post, mais avant ça, pour ceux qui voudrait un résumé en image on remet ici la storie instagram qu’on avait faite sur le moment !

Avant de commencer la randonnée de l’Acatanengo en autonomie (jour 0)

Le sentier débute au niveau du hameau de La Soledad, à côté du village de San José Calderas où on a passé la nuit précédent le départ, histoire d’être sur place le matin de la rando et de gagner 2h de sommeil.

Pour rejoindre San José Caldera depuis Antigua, il faut d’abord prendre un chicken bus Antigua – Parramos (trajet 30 minutes, 5 quetzal par personne), puis à Parramos attraper un colectivo pour San Jose Calderas (on a attendu 15 minutes puis trajet 45 minutes, avec le colectivo le plus pourri du monde qui roulait au pas ; au retour 20 minutes avec un chicken bus en meilleur état ! Tarif 5 quetzal par personne). Enfin pour rejoindre La Soledad on prend un colectivo ou une camioneta (5 minutes, 3 quetzal par personne). A priori il y’a aussi des bus direct Parramos – La Soledad (notamment le chicken bus parramos – chimaltenango).

On a donc passé la nuit d’avant la rando à San José Caldera, chez une famille qui propose deux chambres à un prix symbolique (elles sont en ligne sur Airbnb). C’est vraiment le bnb chez l’habitant, trois générations vivent là, on mange ensemble (en principe le repas est en supplément mais on nous a gentiment invité !), c’est une occasion de s’immerger un peu dans le quotidien d’une famille guatémaltèque et ça nous a permis de discuter de plein de choses notamment avec Ovido, le père, qui a un discours intéressant sur la situation sociale du pays, la corruption, la nécessité pour beaucoup de guatémaltèques d’aller travailler aux USA et sa conviction de l’importance de travailler au développement économique au niveau local. Justement, deux frères de la famille, Elder et Elvin, ont créé une agence de guides de montagne qui implique les gens du village (VHiking – Aprode), ils proposent les excursions sur l’Acatenengo, tous les jours ils emmènent un groupe (qui passe à la maison à l’aller pour un petit dej et au retour pour un repas du midi préparé par la maman au fort caractère, Doña Rosa, c’est la vraie entreprise familiale)

Célia en pleine prépration de tortillas avec Doña Rosa !

Elder nous explique qu’il ne monte pas le lendemain mais qu’il y aura quelqu’un de l’agence en haut qui nous montrera un de leurs espaces inutilisés proche de leurs cabanes où on pourra installer notre campement gratuitement. En plus il nous explique le trajet et s’assure qu’on est bien équipés : sympa alors qu’on ne passe pas par son agence !

L’ascension jusqu’à la zone de campement (jour 1)

Le jour J, Elder nous dépose au début du chemin, qui commence à 2400 mètres d’altitude. On démarre vers 8h30 avant les groupes ; ça a son importance même si on n’est pas en haute saison, car le sentier est parfois étroit et les groupes de plusieurs dizaines de personnes ça peut vite créer des embouteillages…

Tout de suite ça grimpe raide dans un sentier en forme de ravine, sablonneux, à travers les champs de maïs. Ce passage n’est pas spécialement intéressant, mais on n’a pas le choix alors on avance ! Après 25 minutes on atteint une cabane qui fait snack-café, puis il y a une phase en escaliers, le sentier a été étayé et on se tape une bonne volée de marches assez hautes.

Une heure après le départ on atteint l’entrée du parc national et la cabane qui fait billetterie, où on croise les groupes partis la veille qui redescendent. A ce stade on a parcouru 1,5 kilomètres et surtout 400 mètres de dénivelé positif.

Après une petite pause on reprend la marche à travers la forêt. Elder nous a conseillé le chemin « sud » (on met des guillemets parce que d’après la carte on l’aurait plutôt appelé le chemin « est », mais il doit y avoir une raison qui nous échappe) plus court que le « nord », il faut donc prendre à gauche à l’embranchement peu après la billetterie. Attention, en autonomie ça ne marche que si vous avez un plan pour planter votre tente sur le terrain d’une agence. Pour le terrain public (« commercial camp » sur Maps.me, il faut pendre à droite le chemin « nord »).

Au passage des trois kilomètres, c’est à dire mi-distance et après 2h30 pour nous, on a déjà pris 800m de dénivelé sur 1200. De quoi espérer une deuxième partie plus cool (spoiler : pas tout de suite, la partie plus cool c’est sur la fin). On rejoint une piste plus large sur laquelle peuvent circuler des 4X4 (mais on n’en n’a vu aucun ni à l’aller ni au retour, ils ne circulent que rarement car en dehors des cas d’urgence pour évacuer quelqu’un l’accès est hors de prix comme on nous l’a expliqué). On suit cette piste un moment et à nouveau c’est un passage difficile car très raide (on se répète ?), ça sera comme ça jusqu’au bout de cette piste qui casse bien les pattes. En plus on est complètement pris dans les nuages, l’environnement est tout brumeux et évidemment sans aucune vue sur le paysage, il fait frais, on s’autorise un petit kinder de réconfort !

On papote un moment avec des mecs qui montent des vivres avec un cheval ; c’est tout un va et vient, tout ce qu’il y a en haut doit être monté, à commencer par l’eau et le bois pour le feu (là-haut ça caille, et ça permet aussi de cuisiner). Là il y avait un cheval mais la plupart du temps ça se fait à pied, on a croisé des gars vraiment surchargés, portant des bidons d’eau de 20 litres sur tout le trajet !

Après 4 km et un peu plus de 1000 m de dénivelé, le chemin s’aplanit d’un coup. Il reste donc 2 km mais à peine 200 m de dénivelé, ça devient bon. On contourne le sommet de l’Acatenengo par son flanc est, et on arrive dans la zone de campement, une partie où des terrasses ont été aménagées et où toutes les agences ont montées leurs tentes ou leurs cabanes, l’ensemble forme comme un micro-village à flanc de volcan.

L’après-midi et la soirée au campement : le spectacle du Fuego

On pose nos sacs sur notre lieu de bivouac après 4h15. Muy bien tiempo nous dit Javier (le gars de l’agence qu’on rencontre en haut et qui attend l’arrivée du groupe du jour, qui nous montre l’endroit où on peut s’installer juste au-dessus des cabanas de VHiking).

Il nous flatte un peu mais on décide de se laisser faire, donc on est contents de notre temps de montée.

On s’installe sur notre petit espace bien plat et un peu abrité du vent, pile dans l’axe du Fuego. Rapidement la tente est montée, le feu de camp est allumé, il n’y a plus qu’à attendre le spectacle du Fuego… si le temps veut bien se dégager, car en début d’après-midi tout est couvert et la plupart du temps on ne voit rien. Au moins il ne pleut pas, on peut donc rester dehors au coin du feu à guetter les éclaircies, qui se font de plus en plus nombreuses. A chaque apparition du Fuego on en prend plein les yeux, surtout quand il y a une explosion de cendres au même moment (et même quand la vue est bouchée le bruit est impressionnant), et quand l’éclaircie est vraiment bonne vers l’est on voit parfaitement le volcan de Agua au-dessus d’Antigua. En fin d’après-midi le temps se lève pour de bon : la vue est dégagée de tous les côtés, il y a des éruptions à répétition, avec des colonnes de fumée qui montent haut dans le ciel, c’est un spectacle impressionnant dont on ne se lasse pas et à moment spécial, on passe des heures comme ça dans le calme de la montagne à admirer ce spectacle volcanique.

Puis la nuit tombe, les villes loin en contrebas s’illuminent une à une, la silhouette des volcans se découpent dans le noir, et nous on quand même un anniversaire à fêter alors il est temps de déguster le petit verre de vin et le gâteau qu’on a trimballé sur tout le chemin, ça valait le coup ! Enfin c’est le clou du spectacle, il fait nuit noire et les premières explosions de lave ont lieu, le Fuego projette des jets rouge vif loin dans le ciel étoilé, pendant que de l’autre côté un orage électrique se déclenche au-dessus du volcan de Agua, c’est la totale ! On est fascinés par ce spectacle, et sans aucun doute ce moment est à situé parmi les plus marquants de tous ceux qu’on a pu vivre au cours de nos différents voyages.

L’ascension vers le sommet de l’Acatenengo (jour 2)

La nuit par contre ne sera pas inoubliable, il fait un peu froid (dans les O degrés) et le vent bat bien la tente, c’est pas le grand confort. Le lendemain, les groupes partent à 4h du matin pour atteindre le sommet pour le lever de soleil ; pour nous, pas de lever de soleil, on fait la « grasse matinée » jusqu’à 6h30, et on démarre à 7h30.

Il n’y a que 1,5 kilomètres mais 400 mètres de dénivelé, sur un sentier en zig-zag difficile avec un terrain sablonneux qui s’effrite sous les pieds, on fait un pas en arrière pour deux en avant (les bâtons aident beaucoup pour se stabiliser). Plus on avance moins il y a de végétation et plus il y a de vent, on peut dire que l’environnement est hostile !

Enfin après 1h15 on atteint la caldeira. C’est un bel effort pour le défi, mais pour nous ça sera le seul intérêt : on n’a aucune vue, le sommet est totalement pris dans les nuages, et comme il est en plus battu par un vent fort et glacial, on reste quelques minutes à peine et on redescend (dire qu’on avait pensé monter le réchaud à gaz pour faire un café et se poser, on n’aurait jamais pu l’allumer !).

Environnement hostile, vous avez dit ?

La redescente est beaucoup plus rapide (40 minutes), on marche en se laissant glisser dans le sable, ça aide !

!! Attention cette ascension jusqu’au sommet depuis le camp de base est sûrement un peu dangereuse à faire seuls de nuit. Déjà de jour on a plusieurs fois cherché notre chemin, c’est vite fait de sortir de la trace et de se retrouver dans les pentes sablonneuses avec le risque de glisser et de dévaler. En partant avant le lever du soleil à notre avis il est sûrement préférable de se joindre à un groupe avec un guide.

Ensuite, il reste à démonter le campement et à redescendre. Le retour depuis le campement nous a pris 2h30, c’est évidemment plus rapide qu’à l’aller mais ça n’est pas toujours une partie de plaisir, la descente est tellement raide que ça tape bien les genoux et qu’il faut faire attention aux glissades.

Pour terminer il reste à attraper un colectivo au bord de la route pour retourner à San José Calderas au bnb de Rosa et Ovido, pour y passer une nuit de repos et récupérer nos affaires avant de rentrer à Antigua.

L’aventure de l’Acatenengo est terminée !

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