Martinique

Martinique : la côte nord atlantique, de Trinité à Grand’Rivière

La côte nord atlantique de la Martinique, c’est cette partie de l’île qui s’étend au-dessus de la presqu’île de la Caravelle sur environ 50 kilomètres de littoral, depuis la ville de Trinité jusqu’au village de Grand’Rivière, où la route se termine en cul-de-sac (impossible de faire le tour complet de l’île en voiture, une seule solution : le demi-tour, ou la rando jusqu’à Anse Couleuvre !). Comparé au sud, c’est une autre Martinique : très belle, mais aussi plus isolée et plus « dure ». Plus dure du point de vue du paysage déjà : fini les plages de sable blanc, la côte est désormais bordée de falaises rocailleuses, couvertes de végétation, battues par les vagues de l’océan, assez agité ici. On trouve peu de plages, et quand il y en a la baignade est souvent interdite car dangereuse ; autant dire que le coin n’est pas vraiment touristique. Plus dure du point de vue des agglomérations ensuite : les villes et villages nous ont semblés plus ternes, voire franchement délabrés, à l’exception de Grand’Rivière. Plus on monte le long de la côte plus les villages sont petits et isolés : au-delà de Sainte Marie (la dernière ville, environ 17 000 habitants), chaque village a un effectif plus réduit que le précédent : Le Lorrain (7000 habitants), Basse pointe (3500 habitants), Macouba (1100 habitants), et enfin Grand’Rivière (600 habitants).

Alors pourquoi venir explorer la côte nord atlantique ? Au-delà de l’envie d’explorer un peu partout et de « tout » voir sans se limiter, il faut dire que les paysages sont très beaux, la végétation tropicale est fascinante, et plusieurs endroits valent vraiment le détour, outre pas mal de sites à visiter. Sans compter que Grand’Rivière, le dernier village au « bout de la route » tout au nord, est un lieu qui possède un vrai charme.

Dans ce post on va vous parler de nos différentes étapes dans cette région nord atlantique. On précise avant de commencer, pour ceux qui envisagent cette balade, que quel que soit votre point de départ en Martinique il est tout à fait possible de faire le trajet aller-retour jusqu’à Grand’Rivière dans la journée (il faut compter 1h15 de route effective l’aller simple depuis Trinité, plus les arrêts photos et visites) : on peut sans problème partir le matin en faisant la route tranquillement et en ayant Grand’Rivière comme objectif pour le repas du midi. Par contre, il faudra faire des choix sur les arrêts : la journée peut vite devenir chargée en fonction du nombre de visites que vous voulez intégrer, et il n’est pas possible de faire tout ce dont on va parler maintenant en une seule journée. En ce qui nous concerne on s’y est repris à plusieurs fois.

Allez, c’est parti pour une visite guidée !

Trinité, la ville dont dépend Tartane, est une petite ville face à une superbe baie. On y est souvent venu surtout pour le marché (celui des fruits et légumes sous les halles en plein centre, et celui au poisson à la sortie de la ville) et pour se balader un peu au passage ; depuis la presqu’ile de la Caravelle, c’est en fait la première ville où se ravitailler.

Un peu plus au nord, on arrive sur la ville de Sainte Marie. Elle a à nos yeux peu de charme, c’est une ville sans attrait particulier, si ce n’est une curiosité : son tombolo vers l’ilet qui fait face à la ville. C’est quoi un « tombolo » ? C’est comme au Mont-Saint-Michel ! Une bande de sable qui peut être soit recouverte par la mer, soit à découvert en fonction de certains phénomènes climatiques : quand c’est le cas, l’ilet n’est plus vraiment un ilet et on peut le rejoindre à pied, même pour ceux qui n’ont pas la capacité de marcher sur l’eau ! Ici, c’est surtout pendant le carême, de février à avril, que le tombolo est ouvert, le reste de l’année la mer le recouvre. Quelle que soit la saison, quitte à passer au niveau de Sainte Marie ça serait dommage de ne pas s’arrêter un instant au niveau de l’ilet pour l’admirer ainsi que la baie (dans ce cas, à l’entrée de Sainte Marie il faut quitter la N1 qui la contourne et descendre vers le centre-ville) !

Autre possibilité à Sainte Marie, la visite de la distillerie Saint James, avec son petit musée dans une ancienne maison créole, et son « train des plantations », un vrai train avec une vieille locomotive, qui circule sur quelques kilomètres de voies ferrés à travers les champs, à peu près jusqu’au musée de la banane. On l’a testé, c’est une balade sympa et on a au passage pas mal d’explications sur les plantes de Martinique.

En poursuivant la route de long de la côte, on arrive ensuite aux villages du Marigot et du Lorrain. La côte est belle à ce niveau, avec de jolies anses dominées par les falaises, le paysage a vraiment du caractère. Côté terre, on peut admirer des champs de bananiers à perte de vue, de belles vallées, et par beau temps la Montagne Pelée qui domine le paysage.

Au niveau du Lorrain, on trouve un sentier de rando sympa sur la côte : le sentier La Crabière – Pointe Vivé : 8 km aller-retour (et environ 2h30) le long du littoral, en bonne partie dans la forêt. On démarre au Lorrain (à la sortie nord du village, à droite juste après le pont au niveau de la station-service Vito), avec un comité d’accueil composé de biquettes et autres cabris, avant d’entrer dans la forêt.

La balade est un peu sportive avec un peu de dénivelé, et elle offre des beaux points de vue, à la fois sur la forêt, le littoral et côté terre sur les bananiers et la Montagne Pelée.

Petit plus de la rando, elle permet de découvrir des ruines, ce qui n’est pas si fréquent en Martinique. Bon, n’allez pas imaginer non plus des antiquités, ce sont des ruines du début du 20e, plus précisément celles d’une ancienne usine sucrière. On découvre d’abord les restes d’un petit viaduc et de voies ferrés qui permettait le passage des wagons pour le transport de la canne à sucre, puis le site de l’usine lui-même, en bord de mer, le tout noyé dans la végétation, et même si tout ça n’est pas bien vieux, ça a quand même un certain charme.

Puis c’est l’arrivée à la Pointe Vivé, un site joli mais assez rude avec sa plage de galets et ses cocotiers battus par les vents. Sur place on trouve quelques tables pour pique-niquer et un panneau explicatif sur l’habitat des indiens caraïbes, puisque le site est connu comme ayant abrité un village, dont évidemment il ne reste rien.

Bref, pour un plan rando dans le nord atlantique, on vous recommande ce sentier La Crabière – Pointe Vivé !

Reprenons la route : plus au nord on atteint le village de Basse pointe, un village assez tristoune mais qui peu s’enorgueillir d’être le village de naissance d’Aimé Césaire, l’une des grandes figures martiniquaises (qui en plus de sa carrière littéraire a quand même été maire de Fort-de-France pendant 56 ans !). Là, un arrêt est possible pour un beau point de vue sur la côte et les falaises, en bas d’une rue pavée qui descend à droite de la bibliothèque (du moins ce qu’il en reste) et à gauche du cimetière (pas inintéressant d’ailleurs avec ses tombes et caveaux en carrelage blanc en surplomb de l’océan).

Et pas loin après le village, on arrive à la distillerie JM.  Pour un site industriel, c’est vraiment un bel endroit, avec ses bâtiments rouge vif au fond d’une cuvette de végétation toute verte et ses fleurs tropicales partout. On peut (gratuitement) faire une rapide visite en autonomie du site (canne à sucre, machines, futs de vieillissement…), puis passer à la dégustation : on peut gouter jusqu’à 3 rhums, blanc ou vieux, pas mal pas mal tout ça ! La dégustation est gratuite mais se fait dans la boutique, résultat des courses on finit toujours par alléger son porte-monnaie, mais le rhum JM c’est quand même très bon, et sur place les tarifs sont plus intéressants qu’en supermarché ou à l’aéroport ! Attention quand même à ne pas s’enflammer, la dernière fois qu’on est passé un canadien achetait une bouteille de son année de naissance pour la modique somme de 300 euros… !

Au-delà de Basse Pointe puis de Macouba, la route plonge dans la végétation tropicale, c’est un passage vraiment impressionnant, on serpente au fil des ravines et des rivières, les arbres sont immenses, les lianes pendent au-dessus de la route… Bref, on adore toujours les routes dans la végétation tropicale (comme on le raconte dans notre post sur la D1, la route qui traverse l’île d’est en ouest) ! Après Macouba, on passe deux vieux ponts métalliques qui ont leur charme dans le décor et qui sont très photogéniques.

Enfin, c’est l’arrivée sur Grand’Rivière : en découvrant le village tout en bas depuis la route, on réalise qu’on a pris un peu d’altitude au fil du trajet.

Le village est particulier, il y a un vrai charme de « bout du monde ». On peut faire une balade agréable dans ses quelques ruelles, voire sa jolie rue en pente avec ses (fausses) façades colorées, sa petite église, et puis surtout son front de mer avec son snack face aux vagues et sa vue directe sur la Dominique lorsque le temps est dégagé, et bien sûr la superbe plage du Sinaï juste à côté, avec son sable noir et ses hautes falaises, un lieu vraiment magique (mais avec une mer assez agitée, il faut être à l’aise dans l’eau pour se baigner).

Au-delà de la plage du Sinaï, il n’y a plus de route. Pour les 15 kilomètres de côte qui suivent vers le sud-ouest, il faut soit prendre un bateau soit marcher, ce qui permet de rejoindre l’Anse Couleuvre et Le Prêcheur côté mer des caraïbes… C’est d’ailleurs l’occasion d’une des plus belles randos de Martinique, on vous raconte ça dans cet autre post !

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