Pérou

Pérou : trois jours de randonnée dans le canyon del Colca

Après nos quelques semaines à Arequipa, on a pris la direction du canyon del Colca, ce canyon immense (l’un des plus profonds du monde, plus encore que le Grand Canyon en Arizona) au cœur de la cordillère des Andes, connu pour être peuplé de condors, l’oiseau emblématique du Pérou.

Le Canyon n’est pas très loin d’Arequipa à vol d’oiseau (moins de 100 kilomètres), mais par la route il faut 4h pour atteindre Chivay, le village qui se situe à son entrée, et encore 1h30 de plus pour Cabanaconde, situé dans la zone la plus impressionnante et qui est le point de départ des randos. Il y a plusieurs options pour le visiter, avec ou sans rando (on peut rester en haut et l’observer depuis les miradors), avec ou sans agence, à la journée (c’est l’enfer à notre avis avec 11h de route, mais les agences le proposent) ou sur plusieurs jours…

En ce qui nous concerne, on a choisi l’option rando, sans agence et sur 5 jours (2 de trajet et 3 de marche). On a donc fait le trajet tranquillement sur une première journée qui nous a permis de nous poser à Cabanaconde pour la fin de journée et de repérer les lieux, avant d’attaquer nos trois jours de marche sur un circuit Cabanaconde – Llahuar – Sangalle – Cabanaconde et de redormir sur place avant de repartir.

On vous raconte ça en détail !

Le trajet Arequipa – Cabanaconde

Pour aller à Cabanaconde depuis Arequipa il y a des bus directs de la compagnie Andalucia, mais avec des horaires qui ne nous convenaient pas du tout (1h du matin, 3h30 du matin, ces deux-là c’était exclu d’emblée, ou 13h30 mais avec une arrivée de nuit). On s’est donc rabattus sur les colectivos qui partent des gares routières privées situées sur l’avenida andres avelino caceres. Juste en face de la gare routière principale (le terminal terrestre). On a atterri au terminal privado misti arequipa d’où opèrent plusieurs petites compagnies dont une pour Chivay à l’entrée du canyon (Tuti travel ; mais il y a sûrement d’autres compagnies dans d’autres gares), il y a de nombreux rabatteurs avec mégaphone, on est vite orientés. Avec cette compagnie il y a des départs à heures fixes (et pas quand le bus est plein), a priori toutes les heures à partir de 4h du matin jusqu’à 7h, puis ça s’espace : 8h45, 11h, etc, et le tarif jusqu’à Chivay est de 20 soles. 

La route entre Arequipa et Chivay puis Cabanaconde est ultra impressionnante, c’est déjà une attraction en soi (et ça serait dommage de la faire de nuit sans rien voir). On grimpe d’abord à travers l’altiplano aride avec quelques vallées plus vertes en contrebas tout en contournant le Chachani jusqu’au péage de Patahuasi (altitude 4000 mètres). A partir de là on voit des groupes de vigognes, des dizaines et des dizaines, pendant que la route traverse des plateaux magnifiques.  

La route continue à monter jusqu’à atteindre un peu plus de 4900 mètres d’altitude au niveau du col de Patapampa et du Mirador de Los Andes, avant de redescendre en lacets vers le village de Chivay.

A Chivay, il faut changer et prendre un deuxième colectivo pour Cabanaconde (trajet 1h30, tarif 10 soles). Ceux là partent quand ils sont pleins ou presque, on en a raté un de peu, du coup on a dû patienter 1h15 mais il y a de quoi se ravitailler en attendant et puis ça laisse le temps de faire connaissance avec les autres passagers, en l’occurrence des gens du coins et deux italiens en service civil capable de parler un peu quechua, ce qui a bien surpris dans le bus !

La route quitte Chivay en longeant le canyon qui se creuse peu à peu, avec des cultures en terrasses partout (déjà présentes bien avant les Incas), et qui devient vraiment profond à partir du village de Pinchollo (d’ailleurs juste avant il y a un beau mirador Wayrac Punku). Peu après il y a beaucoup moins de cultures, les flancs du canyon sont souvent trop abrupts pour faire des terrasses (même si le moindre espace vaguement plat est aménagé). La vue est très impressionnante en face du mirador Cruz del condor (un lieu très fréquenté).

On arrive à Cabanaconde en milieu d’après-midi. Le village, typique des Andes, est assez petit et très tranquille. On s’installe à la Casa de Santiago (hôtel sympa avec une super vue) et on part faire une première exploration des lieux, qui nous mène vers un mirador au bord du canyon (le mirador de Cejana, c’est le premier en prenant le chemin pour descendre vers l’oasis de Sangalle, à un kilomètre du village, il est sur mapsme mais sans nom). On traverse des terrasses cultivées et on s’arrête avant que ça descende, le panorama est grandiose, on prend la mesure de la profondeur du canyon, avec ses flancs raides striés de chemins en zigzag. En ajoutant une soirée pizza au feu de bois à la Pachamama House, « l’endroit cool » de Cabanaconde, c’est une bonne mise en bouche avant d’attaquer les choses sérieuses !

Jour 1 de la randonnée : Cabanaconde – Llahuar

Le lendemain, c’est parti pour le premier jour de marche, direction le hameau de Llahuar. Au programme il y a 11 kilomètres à parcourir, et surtout 1200 mètres de dénivelé négatifs : les choses sont claires, on va descendre !

En sortant de Cabanaconde vers l’ouest on commence par longer le canyon sans réel dénivelé, c’est plutôt un faux-plat descendant (on perdra quand même gentiment 200 m d’altitude en 3km). Sur notre droite le canyon vertigineux, sur notre gauche les terrasses cultivées. On passe par le mirador Achachihua, assez vite après le départ, puis par un deuxième au bout de 3 kilomètres, d’où on a de belles vues sur le fond du canyon, le rio et l’oasis de Sangalle.

Après environ 3,5 – 4 kilomètres c’est le début des choses sérieuses, on attaque la vraie descente jusqu’à Chuirca, en deux temps : une première partie au milieu des cactus en fleurs, suivie d’une phase de plat pour contourner une quebrada et enfin une bonne grosse descente bien raide jusqu’au rio. Plus on descend, plus l’air se réchauffe et la végétation change, entre l’herbe jaunie et la pierre rouge les couleurs sont superbes. Le tout fait 4,5 kilomètres environ.

On traverse ensuite le rio Colca aux eaux bleues – vertes au niveau du pont de Chuirca, avec en prime un petit geyser, le tout encaissé dans le canyon qu’on contemple dans toute sa hauteur. Il reste enfin les derniers kilomètres jusqu’à Llahuar, avec encore un petit effort à fournir car le chemin reprend progressivement de la hauteur, avant de redescendre d’un coup pour l’arrivée, au bord du rio Molloco qui se jette dans le rio Colca.

On arrive à la Casa de Virginia, à Llahuar, après 5 heures de marche. L’endroit est super agréable, des petites chambres toutes simples autour d’un jardin avec une belle vue sur le canyon et des bassins d’eau chaude, parfait pour se remettre !

Jour 2 de la randonnée : Llahuar – Sangalle

Pour ce deuxième jour vers Sangalle, il y a 9,5 kilomètres de marche, avec un dénivelé positif puis négatif de 700 mètres, puisque le chemin ne suit pas le rio au fond du canyon, mais grimpe sur le versant nord avant de redescendre au niveau de l’oasis.

On se met en route vers 8h, sous un grand soleil et en compagnie de Clarisse et Jonathan avec qui on a sympathisé à Llahuar.  On remonte vers la piste principale, et de là il faut atteindre le village de Paccla, en prenant le sentier qui coupe la piste en zigzag ; c’est plus raide, mais beaucoup plus direct. On y arrive en 50 minutes, et après avoir traversé le hameau on coupe la piste pour poursuivre l’ascension par le sentier jusqu’au hameau suivant, celui de Belen. Avant de se lancer dans cette deuxième partie on croise une charmante grand-mère qui nous souhaite chaleureusement la bienvenue, et aussi bon courage pour grimper cette montanita (on est rassurés, c’est juste une montanita, et pas une vraie montagne !). On croise ensuite une équipe qui coupe l’agave : on leur demande s’ils vont faire de la tequila comme les mexicains, tout le monde convient que le pisco c’est meilleur, tout va bien ! Bref, quand on atteint Belen après 1h30 on s’est déjà enquillés 500 mètres de dénivelés positif, ça avance !

En compagnie de nos copains John et Clarisse rencontrés sur le chemin

Après Belen, il faut suivre la piste principale. Sur 1,5 kilomètres ça grimpe encore, la piste monte en continue puis contourne une avancée rocheuse au-dessus d’un méandre du rio, la vue change, on est au-dessus de l’oasis de Sangalle et on voit le chemin qui remonte en face jusqu’à Cabanaconde. Au point le plus haut du jour on atteint le mirador Apacheta : il faut sortir de la piste et grimper un peu mais ce mini détour vaut la peine pour la superbe vue à 360 degrés qu’il offre.

On reprend sur la piste qui maintenant descend en pente douce direction le village de Malata, mais on ne va pas jusque-là, 2 kilomètres après le mirador on quitte la piste pour attaquer la descente à flanc de canyon vers Sangalle, il y a un panneau et c’est au niveau d’un petit éboulement. La descente va durer 3 kilomètres (et – 500 mètres de dénivelé), avec au milieu un passage par un plateau avec des cultures en rond (on s’est demandé si c’était naturel ou non, ça fait un peu – très vaguement – penser au site de Moray vers Cusco). En arrivant sur le plateau il y a un petit piège, il faut passer par-dessus un muret de pierre (moins d’un mètre de haut, rien de difficile mais c’est un peu trompeur). Après la traversée du plateau, on attaque la descente finale, avec une vue magnifique sur le canyon dans sa longueur, la verdure de l’oasis, le rio, les couleurs flamboyantes des flancs. Par contre le soleil commence à taper dur, on commence à avoir hâte d’arriver et de se mettre au frais 

Arrivés au fond on traverse le rio par un petit pont suspendu à côté d’une cascade, la végétation tropicale (ça change !), puis on fait notre entrée dans l’oasis. Il y a 4 ou 5 options logement, nous on se pose au Oasis Paraiso, avec un grand jardin et une piscine bien fraîche alimentée par l’eau du rio, le tout dominé par les falaises immenses, l’endroit est génial (et en cette saison très peu peuplé, l’oasis peu apparemment être très touristique, mais fin novembre ce n’est pas le cas !). On y passe une bonne après-midi puis soirée de repos, en prévision du troisième jour de marche, le dernier mais aussi… le plus dur !

Jour 3 de la randonnée : Sangalle – Cabanaconde

Les meilleures choses ont une fin, mais là pour la fin on s’est gardé le plus dur, à savoir la remontée vers Cabanaconde. Bon c’est inévitable, une fois descendu il faut bien remonter (oui oui), et qu’on fasse la rando dans un sens ou dans l’autre il fallait bien que ça se termine comme ça. Reste qu’on avait beau être prévenus, elle pique cette remontée : à peine 6 kilomètres de marche, mais surtout quasiment 1200 mètres de dénivelé positif, en gros c’est un mur et on va grimper en continu.

Pas grand-chose à dire de cette matinée, si ce n’est que pendant 4h on a monté, monté et encore monté. Ça serait un peu monotone si la vue n’était pas aussi exceptionnelle : d’abord la vue plongeante sur l’oasis, de plus en plus lointaine, et puis tout le long celle sur le canyon en enfilade vers Llahuar, c’est une belle récompense. Tout au long du chemin on ne rencontre aucun autre randonneur, mais on croise quelques habitants du coin : deux mecs qui redescendent des mules, une gamine qui gambade avec son cartable et un chaton qu’elle porte, quelques personnes âgées bien chargées…

La rando se termine avec le retour à Cabanaconde ; on est crevés et bien affamés, mais la boucle est bouclée !

Au final, on peut dire que la rando dans le canyon del Colca est vraiment un incontournable des randos au Pérou, et qu’elle est très faisable en autonomie, les chemins sont clairs et praticables, il n’y a pas de problèmes particuliers à condition de ne pas prendre de risque inutile (on ne partirait pas seuls de nuit par exemple). Bref, on ne peut que vous encourager à vous lancer à l’exploration de ce beau canyon !

 

Infos Pratiques

Casa de Virginia : à Llahuar 55 soles la chambre double avec petit dej. Supplément repas du soir 16 soles/personne

Paraiso Lodge : à Sangalle. 90 soles la chambre double avec petit dej. Supplément repas du soir 25 soles/personne

Casa de Santiago : à Cabanaconde. 120 soles la chambre double avec petit dej.

 

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